HCPRGPH 2024: une opération menée sous le signe de la technologie et de l’optimisme

Une décennie s’est écoulée depuis le dernier Recensement général de la population et de l’habitat (RGPH). Le Maroc a connu des mutations que ce soit sur le plan démographique, économique ou encore socio-culturel. Conscient de cela, le Haut-Commissariat au Plan (HCP) n’a pas lésiné sur les moyens en préparation de l’édition 2024 de cette opération nationale, qui « concerne tout un chacun et qui doit impliquer l’ensemble des citoyens », selon le Haut-Commissaire au Plan, Ahmed Lahlimi Alami.
Donnant le coup d’envoi de la campagne de communication autour du RGPH 2024 ce mercredi, le patron du HCP a fait le point sur les préparatifs qui précèdent l’opération qui se déroulera du 1er au 30 septembre prochain. Présentant par la même occasion l’identité visuelle de cette édition sous le thème « Demain est entre nos mains » (ghadan baina idina), Lahlimi Alami s’est surtout étalé sur la vision et les fondements qui régissent ce processus devant à la fois mesurer le progrès réalisé dans tous les domaines et éclairer les futures politiques publiques.
La technologie au service de l’exhaustivité et de la précision
Pour ce haut responsable, les principes fondamentaux du recensement est la globalité et la précision. Ainsi, qu’il s’agisse des nouveaux moyens technologiques et des effectifs importants mobilisés ou encore de la méthodologie adoptée, les nouveautés introduites lors de cette édition servent ces deux fondements, insiste-t-il.
Sur le volet technologique, le HCP introduit, pour la première fois, la projection dynamique des cartographies géoréférencées des constructions et logements ainsi que celles des établissements économiques actifs, telles qu’elles ont été réalisées dans le cadre de la préparation du RGPH 2024, entre avril 2023 et mai 2024, sur l’ensemble du territoire national, et qui devraient constituer les bases d’une géographie humaine et économique du Maroc. Ces cartographies, qui seront ensuite accessibles au grand public, serviront aussi de guides, pour les investisseurs et entrepreneurs, en outre des décideurs et dirigeants locaux, pour offrir « un aperçu complet sur la population et la situation des habitants, les infrastructures, ainsi que sur les activités économiques et équipements sociaux ».
Une autre grande nouveauté technologique consiste en la digitalisation du processus du recensement. Les agents qui mèneront les enquêtes sur le terrain, souligne Lahlimi Alami, seront équipés de tablettes électroniques, tandis que le renseignement des formulaires auprès des ménages sera digitalisé, chaque étape étant enregistrée et envoyée instantanément au centre de traitement des données.
Au niveau de la méthodologie, le souci de réaliser un recensement « global et exhaustif » a mené le HCP à adopter une nouvelle approche qui consiste à découper l'ensemble du territoire national en 38 000 districts de recensement environ. « Ces districts, facilement reconnaissables sur le terrain, ont été dimensionnés, chacun, pour correspondre à la capacité de l’enquêteur à collecter les informations auprès de tous les ménages résidants dans son district durant la période du recensement », étaye Lahlimi. À ces districts, s’ajoutent des secteurs de contrôle et des zones de supervision. Ce découpage, note-t-on, respecte les limites officielles des différentes subdivisions administratives (régions, provinces et communes) tout en mettant à la disposition du dispositif humain chargé de la réalisation du RGPH (superviseurs, contrôleurs et recenseurs) les fonds cartographiques numériques actualisés. « Cela leur permettra de mener leur tâche avec toute fluidité, agilité et précision », souligne-t-il encore.
55 000 recenseurs bientôt sur le terrain
Le HCP mise sur les innovations technologiques pour assurer l’exhaustivité du RGPH. Les ressources humaines demeurent au cœur de l’opération. Cette année, l’accent a donc aussi été mis sur le renforcement des effectifs, mais surtout des compétences de ceux-ci. Aujourd’hui, la formation est à son stade final, souligne Lahlimi. Pour arriver là, plusieurs étapes ont dû être franchies. Sur 500 000 personnes ayant soumis leurs candidatures, 200 000 ont été retenus pour la formation, dont trois phases ont été effectuées à distance. Chacune de celle-ci a été clôturée par une évaluation et puis une nouvelle sélection, faisant en sorte qu’uniquement 90 000 personnes sont passées à la quatrième phase de formation en présentiel.
La phase actuelle se caractérise par la réalisation d'entretiens individuels menés par les directeurs régionaux et les superviseurs provinciaux de la Haut-Commissariat au Plan pour évaluer les candidats en fonction de leurs compétences et qualifications nécessaires pour remplir leurs fonctions. À l’issue de cette étape finale, 55 000 recenseurs mèneront sur le terrain le recensement. Si les épreuves réalisées jusque-là visaient à évaluer les connaissances retenues, cette dernière phase qui requiert la présence physique de ces futurs recenseurs vise aussi à s’assurer de leurs capacité physique et mentale, à garantir « une expérience positive à l’ensemble des citoyens avec qui ils discuteront ».
Ces candidats bénéficieront d'une formation présentielle d'une durée de deux semaines en juillet et août 2024. Cette formation sera renforcée par une visite sur le terrain, deux jours avant le lancement officiel du Recensement Général de la Population et de l'Habitat 2024, afin que chaque chercheur, observateur et superviseur puisse se familiariser avec la zone qui leur est attribuée et mettre à jour ses limites si nécessaire. Ils seront soutenus et encadrés par des superviseurs tout au long de leur mission. Les autorités locales sont aussi mobilisées pour leur faciliter la tâche, alors que l’ensemble des mesures nécessaires, dont une assurance contractée auprès d’une compagnie spécialisée, ont été prises pour garantir leur sécurité. La rémunération de ceux-ci a à son tour été améliorées et des efforts ont été déployés pour que leurs indemnités soient transférées dans un délai ne dépassant pas 48 heures.
Un air d’optimisme
Le RGPH 2024 intervient dans un contexte particulier, où de grands enjeux se présentent. D’abord, il s’agit de mesurer le progrès réalisé au cours de dix ans, mais surtout depuis le lancement du Nouveau modèle de développement (NMD). Dans ce cadre, il s’agit aussi d’« identifier les insuffisances pour y remédier ». En plus de ce travail d’évaluation de l’action étatique et d’élaboration de la base statistique pour la prise de décision politique et de gestion de la chose publique, Lahlimi attire l’attention à un point primordial : « il ne s’agit pas uniquement de chiffres et d’indicateurs, mais d’échanger avec les citoyens et les encourager à adhérer au processus du développement du pays », lance-t-il, insistant que « le recensement est une occasion de communiquer et de se connecter avec la population ».
Pour lui, cette occasion doit être saisie pour « souffler un air d’optimisme et partager un aperçu positif sur l’avenir de notre pays ». Le Haut-Commissaire au Plan conforte cette position par des données palpables : « Après que le pays est passé par quatre années difficiles marquées par une étape économique difficile, la crise du Covid, la sécheresse, l’inflation et puis une douloureuse catastrophe naturelle, nous retrouvons aujourd’hui le rythme habituel de croissance ». Alors que la lancée des activités non-agricoles se confirme, Lahlimi espère même une reprise de la production agricole, avec le changement du climat mondial, alors que le phénomène d’El Niño, connu pour ses températures élevées, cède sa place à La Niña, caractérisée par la baisse des températures et l’abondance des précipitations.
« Nous nous réjouissons aujourd'hui de notre conviction que ces nuages se dissipent et que le Maroc se dirige vers un avenir prometteur », lance Lahlimi, soulignant que ces convictions optimistes ont donné naissance à une identité visuelle et des slogans qui reflètent la vision prospective de ce processus. « Cette identité visuelle est conçue sous la forme d'un arc semi-circulaire orienté vers un horizon supérieur, symbolisant un avenir meilleur, avec des visages représentant la population dans toutes ses catégories d'âge : enfants, jeunes, femmes et hommes. Chaque visage est orné de couleurs rappelant les valeurs chères à notre pays », étaye-t-il.
Chacune des couleurs reflète à son tour une valeur intrinsèque aux Marocains, ou encore la solidarité et l'unité de la nation marocaine qui met en valeur les jeunes des deux sexes « dans une démarche stable vers un avenir éclairé ». « C'est cette dynamique dont le Maroc a besoin pour tirer pleinement parti de ses ressources, de ses atouts et de toutes les opportunités qui lui sont offertes », ajoute Lahlimi. Cette identité visuelle est accompagnée de slogans, dont celui que le HCP propose de maintenir, au vu de son intemporalité, comme signature permanente des statistiques futures, à savoir « La valeur de notre pays, sa population ». Dans cette septième édition du recensement, cette signature est accompagnée d'un slogan « plus pertinent et harmonieux » avec ce message d’optimisme : « Demain est entre nos mains ».
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