GouvernementÉtat social, investissement, emploi, réformes… les priorités du PLF 2025
« Poursuivre le travail et multiplier les efforts ». C’est sous ce signe qu’est présenté le Projet de loi de finances au titre de l’année à venir (PLF-2025). Selon la note de cadrage de ce texte, adressée par le Chef du gouvernement Aziz Akhannoiuch, à ses ministres et aux Hauts Commissaires, l’année prochaine marquant le deuxième mandat de l’Exécutif sera consacrée à la poursuite des grandes orientations, afin « d’ancrer les acquis réalisés » au cours des trois dernières années et « approfondir les réformes structurelles » lancées.
Dans ce cadre, le PLF-2025 se fixe quatre priorités principales, à savoir la poursuite de la consolidation des bases de l’État social, l’ancrage de la dynamique de l’investissement et de création d’emploi, la poursuite de la mise en œuvre des réformes structurelles et la préservation de la durabilité des finances publiques.
Ce texte s’inscrira dans « une approche intégrée des orientations sociales et économiques ». En chiffres, les objectifs fixés sont un taux de croissance de 4,6 % en 2025, la réduction à 3,5 % le déficit budgétaire de l’État et moins de 70 % du PIB le taux d’endettement à l’horizon 2026.
Consolider les piliers de l’État social
Priorité préconisée par la vision royale et engagement pris par le gouvernement Akhannouch dans son programme politique, le renforcement des bases de l’État social a été un point focal des politiques publiques ces dernières années. À l’instar des précédentes lois de finances ayant budgétisé d’importantes enveloppes aux programmes sociaux, le projet portant celle de 2025 fait de cet axe sa première priorité. Celle-ci se résume en la poursuite de la généralisation de la couverture sociale et le déploiement des programmes d’aide et d’appui sociaux.
Pour le premier chantier, la réforme de la santé demeure d’une ultime importance. « Afin d’accompagner la généralisation de l’assurance maladie obligatoire, le gouvernement continuera à mettre en œuvre la refonte du système de la santé », peut-on lire dans la note de cadrage. Cela, à travers la mise à niveau de l’offre sanitaire, la valorisation et le renforcement des ressources humaines, l’amélioration de la gouvernance du système de santé, ainsi que la mise en place d’un système informatique intégré. L’année 2025 sera également l’année de l’opérationnalisation de la nouvelle organisation sanitaire, notamment les groupements sanitaires territoriaux, la haute autorité de la santé, l’agence nationale des médicaments et l’agence nationale du sang et ses dérivés. Le système informatique intégré de gestion de la santé devrait quant à lui être prêt vers la fin de l’année.
Outre la généralisation de l’AMO, l’année 2025 sera celle de la généralisation de la couverture sociale en son sens large. La note d’Akhannouch souligne ainsi la volonté d’activer les autres composantes de ce chantier « dans les délais fixés » en passant à la généralisation de la retraite et de l’indemnité pour perte d’emploi.
La note de cadrage place également très haut dans les priorités du prochain PLF la poursuite du programme d’aide sociale qui s’accompagne de la réforme de la caisse de compensation et la perfection des systèmes de ciblage. Ainsi, l’augmentation prévue des montants de ces aides sera actée en 2025. Elle sera financée en « redirigeant les budgets destinés à plusieurs programmes sociaux, les ressources émanant de la contribution solidaire sur les profits et rentrées des entreprises, les recettes fiscales consacrées fonds d'appui à la cohésion sociale et les marges dégagées de la réforme de la caisse de la compensation ».
Une autre priorité pour le PLF-2025 est la réforme de l’Éducation en continuant la généralisation du préscolaire, le renforcement de l’offre éducative nationale, en plus de la poursuite de la réforme de l’université publique. Cela impliquera aussi le renforcement des capacités humaines, l’enrichissement des offres scolaire et universitaire et le renforcement des structures de formation. L’accent sera par ailleurs mis sur le partenariat public-privé dans l’enseignement supérieur et la formation professionnelle, afin de garantir une meilleure cohésion avec les besoins du marché de travail.
Investissement et emploi
En 2025, le gouvernement continuera la mise en œuvre de sa charte de l’investissement visant à inverser le ratio des investissements publics-privés, en attirant davantage de capitaux privés pour insuffler une dynamique positive de croissance et de création d’emploi dans l’économie nationale. Le PLF-2025, souligne-t-on dans ce sens, constitue « une station primordiale pour ancrer cette orientation ». La feuille de route adoptée dans cette perspective comporte des plans d’action sur les cinq et dix années à venir, « dont les mesures concrètes seront activées en vertu du PLF-2025 ».
Avec la poursuite de la mise en œuvre de la charte de l’investissement, l’accent sera mis sur les projets rentrant dans des domaines stratégiques pour le pays, à savoir l’eau, les énergies renouvelables, les infrastructures et l’agriculture. La note de cadre met aussi en avant les projets permettant de préparer le pays à la Coupe du monde 2030, notamment ceux du ferroviaire et de l’aérien, en plus de l’opérationnalisation de la feuille de route du tourisme.
L’encouragement de l’investissement au cours de l’année prochaine se fixe ainsi l’objectif crucial de la redynamisation de l’emploi, afin de « garantir l’équilibre stratégique entre les dimensions sociale et économique ». Dans ce cadre, l’emploi rural et féminin sont présentés comme priorités. En outre, on vise à restructurer les programmes d’emploi et à soutenir les TPME.
Avancer dans les réformes structurelles
Sur ce volet, Akhannouch met en avant la réforme de la justice, en vue d’appuyer l’indépendance institutionnelle du pouvoir judiciaire. Ainsi, l’année prochaine, le gouvernement continuera à moderniser et développer le système légal, en parallèle à la poursuite de la transformation digitale de ses administrations, la mise à niveau des infrastructures judiciaires et la généralisation des tribunaux de la famille.
La réforme des établissements et entreprises publics figure aussi parmi les priorités sur ce volet. La prochaine loi de finance devra ainsi tenir compte des ambitions en la matière, notamment en favorisant la gouvernance de ces institutions, l’opérationnalisation de l’agence nationale de gestion stratégique des placements de l’État et l’amélioration de la performance de la politique d’investissement de l’État. Cela s’accompagnera de la poursuite de la modernisation et de la digitalisation de l’administration publique et la consolidation de la complémentarité entre l’État et les collectivités territoriales. Dans le cadre du PLF-2025, l’accent sera aussi mis sur « le soutien des collectivités (…), notamment en augmentant leur part des ressources de la TVA, qui sera orientée vers l’investissement », souligne le document.
Préserver la durabilité des finances publiques
Outre l’amélioration de la performance financière de l’État, garantir la viabilité de ses finances et ses équilibres budgétaires a été une priorité constante des précédentes lois de finances. Le PLF-2025 ne fera pas l’exception, qui se fixera à son tour les objectifs de réduire l’endettement de l’État et du déficit budgétaire. Le gouvernement entend ainsi « multiplier les efforts visant à garantir l’équilibre nécessaire entre le renforcement des marges budgétaires et la durabilité des finances publiques », lit-on dans la note de cadrage.
Le PLF-2025 devrait ainsi apporter un lot de réformes, dont notamment la poursuite de la réforme de la loi organique sur la loi de finances en adoptant effectivement la règle de plafonnement de l’objectif d’endettement à moyen terme, ainsi qu’en intégrant l’ensemble des ressources et dépenses des institutions publiques n’exerçant pas d’activité commerciale. A cet effet, la réforme fiscale sera aussi poursuivie, en vue d’assurer l’équité et d’élargir l’assiette fiscale sans que le poids de cela ne soit reflété sur les entreprises nationales.
Enfin, ce texte devra prendre en compte l’équation « primordiale » visant à rationaliser les dépenses de l’État tout en renforçant ses ressources financières. Cela consistera en plusieurs principes : limiter les dépenses publiques, notamment les charges du personnel et celles de fonctionnement, le renforcement des rentrées publiques en développant en particulier les financements innovants, l’amélioration de la gestion du budget public, la réforme des EEP et la dynamisation des investissements de l’État.
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