RecyclageLe Maroc « poubelle de l’Europe » : Leila Benali répond à ses détracteurs
Dans leurs éditions du 27 août, Assabah et Al Ahdath Al Maghribia avaient relayé l’ire d’associations, telles que le collectif Ecolo plateforme du Maroc du Nord (Ecoloman), engagées dans la protection de l’environnement visant le ministère de Benali qui a autorisé l’importation au Maroc de plus de 2,7 millions de tonnes (Mt) de déchets ménagers en provenance de six pays européens. Au total, il est question d’1,5 Mt importés du Royaume-Uni, près de 971 000 tonnes (t) de la France, 100 000 t de Norvège, 60 000 t de Suède, plus de 30 000 t d’Espagne et 20 000 t d’Italie.
Ces associations s’inquiétaient du fait que le Maroc devienne un « dépotoir » et une « déchetterie » de l’Europe, selon les deux quotidiens. Cette polémique, qui rappelle celle ayant ciblé en 2016 Hakima El Haite, alors secrétaire d’Etat chargé de l’environnement, a enflé après une question écrite adressée à Benali par un député du Parti du progrès et du socialisme (PPS).
« Des données erronées »
L'importation des déchets non dangereux est encadrée par les dispositions de la Convention de Bâle sur le contrôle des mouvements transfrontières de déchets dangereux et de leur élimination, telle que ratifiée par le Maroc, et réglementée par les textes législatifs et réglementaires en vigueur, a indiqué en réplique le ministère de la Transition énergétique et du Développement durable.
Dans un communiqué, le ministère rappelle que la Convention de Bâle relative au contrôle des mouvements transfrontières de déchets dangereux et de leur élimination, a été approuvée par le Maroc et publiée au bulletin officiel n°4892 le 19 avril 2001, par le biais du Dahir n°92-96-1 et réglementé par les textes législatifs et organisationnels en vigueur, notamment la loi n° 28-00 relative à la gestion des déchets et leur élimination, ainsi que ses textes d'application et le décret n° 587-17-2 relatif à la fixation des conditions et des moyens d'importation des déchets, de leur exportation et de leur transport, à travers le dépôt d'un dossier contenant plusieurs documents déterminés en vertu de ce décret.
Faisant suite « aux données erronées et aux allégations diffusées dans différents supports médiatiques et dans les réseaux sociaux au sujet des déchets importés, et notamment les commentaires et les critiques adressées aux parties administratives et gouvernementales qui gèrent les secteurs de l’Énergie et de l'Environnement, et pour éclairer l'opinion publique sur l'opération de l'importation qui a fait objet de la controverse médiatique », le ministère de la Transition énergétique et du Développement durable précise que le commerce international des déchets non dangereux est soumis à une forte concurrence entre les entreprises internationales spécialisées et les autres acteurs de ce secteur, notamment avec le développement croissant du recyclage et de la réutilisation des déchets dans le cadre des économies verte et circulaire.
416 autorisations depuis 2016
Ainsi, « le Maroc fait partie des pays qui profitent de ce marché international en important des déchets plastiques, ferreux et des roues en caoutchouc déchirées afin de les recycler et de les valoriser comme matière première ou complémentaire dans les domaines industriels et énergétiques (comme la fabrication de canalisations destinées à l'assainissement liquide, à l'irrigation au goutte à goutte, boîtes en plastique, etc. », se défend le département de Leila Benali.
Dans ce cadre, le nombre d'autorisations délivrées aux entreprises importatrices de déchets non dangereux pour la valorisation énergétique ou industrielle a atteint 416 de 2016 jusqu'à aujourd'hui, ajoute la même source.
Sachant que « le Maroc se focalise sur l'importation des pays européens disposant d'une haute qualité des systèmes et des outils de tri et de traitement des déchets, ce qui garantit un produit sans impact nuisible sur l'environnement et la santé des citoyens », souligne le communiqué, précisant que le Maroc « est aussi considéré parmi les pays avec un faible taux de déchets importés (déchets non dangereux) par rapport à d'autres pays ayant le même niveau économique ».
La délivrance des autorisations pour importer des déchets non dangereux est soumis à « une procédure administrative minutieuse et stricte », selon les dispositifs du décret susmentionné, qui requiert obligatoirement la présentation des documents d'analyses physiques et chimiques et des fiches techniques des déchets importés et leur source, et exige aussi l'avis des ministères concernés par le domaine de l'usage des déchets faisant l'objet de la demande d'autorisation, la réponse favorable à la demande dépend de la vérification de la nécessité des industries nationales à de tels déchets en tant que matières premières ou complémentaires ou qu'elle est d'une faisabilité économique viable, insiste à dire le ministère.
En plus, l'exploitation et le recyclage des composantes des déchets non dangereux « requiert des appareils appuyés par des technologies avancées pour détecter et maitriser les émissions de gaz causées par la combustion, ce qui permet de préserver la qualité de l'air et de ne pas endommager l'environnement et la santé publique », précise-t-on.
Sur le plan économique et social, l'importation, le recyclage et la valorisation des déchets non dangereux « font partie des préoccupations d'une nouvelle génération d'acteurs économiques car il s'agit d'un processus rentable, peu coûteux et respectueux de l'environnement, et il renforce également la dynamique verte et circulaire de l'économie du pays ».
De la valeur ajoutée pour l'économie nationale
Dans ce contexte, « les chaînes de valorisation des déchets concernent 13 domaines et sont porteuses d'un grand potentiel de création de valeur ajoutée pour l'économie nationale, comme l'amélioration de la balance commerciale et la création de plus de 9 500 emplois directs et indirects dans les industries sidérurgiques, avec pour horizon la création d'au moins 60 000 opportunités d'emploi d'ici 2030 ».
De même, la valorisation des déchets et l’utilisation de roues en caoutchouc « contribuent à réduire la facture énergétique en réduisant le volume de devises nécessaires pour importer du carburant avec plus de 20 dollars par tonne de combustible fossile ».
« Elle permet aussi de réduire les émissions de certains polluants atmosphériques et gaz à effet de serre, afin que le recyclage des déchets contribue au maintien de la qualité de l'air par rapport à l'utilisation d'énergie fossile en raison de la teneur en biomasse, en plus de créer des opportunités pour la main d'œuvre nationale, dont plus de 300 emplois directs et indirects dans les cimenteries qui valorisent énergétiquement ces déchets », conclut le communiqué.
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