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ProgrammeTransition numérique: les détails de la stratégie Maroc Digital 2030

25.09.2024 à 14 H 08 • Mis à jour le 26.09.2024 à 09 H 17 • Temps de lecture : 9 minutes
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La stratégie digitale nationale à horizon 2030 a enfin été officiellement lancée. Traçant les grandes orientations en matière de digitalisation, cette feuille de route apporte une série de mesures pour créer une dynamique de développement socio-économique autour du numérique. Détails

S'étant faite longtemps attendre, la stratégie digitale nationale à horizon 2030 a enfin été officiellement lancée ce 25 septembre à Rabat. L’occasion donnée à Ghita Mezzour, ministre de la Transition digitale et de la Réforme de l’administration de présenter ses détails. Élaborée selon une approche participative et multi-sectorielle dans le cadre de consultations élargies avec l’ensemble des acteurs gouvernementaux, institutionnels, économiques et sociaux, cette stratégie se fixe comme objectif de faire du Maroc un « hub digital pour accélérer le développement social et économique du Royaume  ».


A cet effet, la stratégie Maroc Digital 2030 apporte une batterie de mesures pour jeter les bases d’une transition numérique « prometteuse  » à même de renforcer la compétitivité internationale du Maroc, de favoriser un cadre propice à l'innovation et à l'entrepreneuriat numérique et assurer une croissance inclusive et durable, fait-on savoir. Deux axes stratégiques sont visés dans le cadre de cette nouvelle feuille de route qui place les citoyens « au cœur » de la transformation digitale du Maroc, selon les propos de la ministre.


Favoriser l’essor de l’e-Gov

La digitalisation et simplification des services publics, afin de préparer les fondements d’un e-Gov performant constituent le premier axe de cette stratégie. L’objectif est « de fluidifier les procédures, de réduire les délais et de garantir la transparence, tout en renforçant l’accessibilité et en améliorant la qualité des services », exlique Mezzour. Selon la ministre, il ne s’agit pas à cet égard de tout simplement proposer des prestations digitales, mais de « décrire, transcrire et analyser les parcours usagers de bout en bout pour ensuite déployer de nouveaux parcours simplifiés ». Cette démarche, a-t-elle ajouté, doit s’accompagner d’un effort législatif et administratif en vue de mettre en place une « réglementation facilitatrice », ainsi qu’une gouvernance adaptée.


En chiffres, le premier objectif de cet axe est d’améliorer le classement du Maroc sur l’indice du développement de l’e-GOV (EGDI), en passant à la première position en Afrique (le Royaume est 11ème actuellement) et à la 50ème place au niveau mondial (au lieu de 100ème rang actuellement), d’ici 2030. L’objectif à horizon 2026 est de positionner le Maroc au 6ème rang en Afrique et en 85ème position dans le monde en termes de développement de digitalisation de l’administration publique. D’autres objectifs chiffrés à horizon 2030 consistent à assurer un taux de 80 % de satisfaction des usagers, la réduction d’au moins 50 % des délais, la simplification à 40 % des parcours administratifs et puis atteindre un taux d’usage des solutions numériques supérieur à 50 %.


L’opérationnalisation de cet axe permettra éventuellement la convergence vers un portail unifié « facile à utiliser, qui redirigera initialement vers les services existants et intégrera progressivement des services numériques de bout en bout », indique-t-on. Ce guichet unique de l’administration publique permettra l’interopérabilité et une meilleure communication entre les différents services.  Cela s’accompagnera de l’intégration de normes internationales, de campagnes médiatiques, et un accompagnement multicanal, notamment via des relais numériques, sous forme d’espaces d’assistance directe à l'utilisation des services publics numériques, aux utilisateurs, notamment ceux qui pourraient rencontrer des difficultés avec les technologies numériques ou qui n'ont pas accès aux outils nécessaires.

 

240 000 emplois et 100 MMDH de rentrées

Le deuxième axe de la stratégie Maroc Digital 2030 est la dynamisation de l’économie numérique. Cet axe s’inscrit au centre des politiques publiques et des orientations du gouvernement en matière de développement. « La priorité du gouvernement pour le restant de ce mandat est de surmonter les effets des crises sur le marché de travail priorité. Une série de mesures sont prévues à cet effet dans le cadre du projet de loi de finances 2025. Cette stratégie en est un levier important pour faire de la digitalisation un moteur de l’emploi que ce soit pour les jeunes diplômés ou les NEET », a affirmé le Chef du gouvernement Aziz Akhannouch dans son mot d'ouverture adressé en vidéo.  À l'horizon 2030, la stratégie vise la de 240 000 emplois directs dans le secteur numérique et une contribution de 100 milliards de dirhams (MMDH) au PIB.


Pour développer une économie numérique « performante » et « compétitive », la nouvelle feuille de route prévoit des mesures structurées autour de trois volets, « moteurs de croissance, d’emploi et d’innovation », selon la ministre. Le premier volet est l’outsourcing et l’export digital, qui vise à faire du Royaume à « un producteur de solutions digitales », à travers une montée en gamme ambitieuse et le ciblage de nouveaux marchés. La stratégie trace ainsi l’objectif d’atteindre les 40 MMDH à l’export pour le secteur numérique, dépassant de loin la barre de 17,9 MMDH réalisée en 2023. Parallèlement, l'objectif est de créer 140 000 nouvelles opportunités d'emploi, portant le nombre total d'emplois de 130 000 en 2022 à 270 000 à la fin de la décennie.


Pour booster la compétitivité du secteur, un cadre d'incitations est prévu. Celui-ci prévoit, entre autres, des primes à la formation équivalente à 3,5 % du revenu brut imposable par emploi durable dans les métiers de l’outsourcing pendant 5 ans, des primes à l’emploi à hauteur de 17 % du revenu brut annuel imposable par création d’emploi durable, une prise en charge de 56 % du taux de l’IS à partir de la sixième année d’exercice de l’entreprise, en plus de la reconduction des avantages actuels liés à l’IS et à l’impôt sur le revenu (IR), avec une simplification de l’offre.


Le deuxième volet pour dynamiser l’économie numérique marocaine est le soutien aux startups, afin de favoriser l’émergence d’un écosystème national axé autour de l’innovation. La stratégie vise à porter le nombre des startups de 380 en 2022 à 3 000 d’ici 2030, avec l’ambition de réaliser 7 MMDH en levées de fonds. Ces objectifs s’accompagnent de l’ambition de permettre l’émergence de nouvelles catégories de startups, dont 10 Gazellez (startups réalisant un chiffre d’affaire supérieur à 5 millions de dollars et une croissance de 10 à 20 % sur 3 ans), et d’au moins une Licorne (startup évaluée à plus de 1 milliard de dollars).


Dans cette perspective, la stratégie Maroc Digital 2030 prévoit une « Startup Policy » instaurant des mesures telles qu'un label de la stratup, un cadre favorable à l’internationalisation, ainsi que l’augmentation du plafond des comptes en devise. Une politique de soutien proactive, couvrant à la fois le financement et l'accompagnement durant tout le cycle de vie de la startup est également déployée. Parmi les mesures incitatives dans ce cadre, la stratégie prévoit notamment une bourse de vie (jusqu’à 70 % du salaire pour les actifs souhaitant lancer leurs propres stratups), ainsi qu’une bourse d’incubation allant jusqu’à 200 000 dirhams (DH) pour renforcer l’écosystème des incubateurs et en attirer de nouveaux, en plus de nouvelles possibilités de financement à travers des prêts d’honneur d’une valeur de 500 000 DH et des prêts d’amorçage allant de 500 000 DH à 2 MDH.


Le troisième levier pour booster l’économie numérique sont les entreprises digitales. La stratégie Maroc Digital 2030 apporte une batterie de mesures, dont principalement un programme dédié aux PME Tech marocaines afin de les soutenir dans leur expansion, avec un label PME Tech qui offrira des avantages tels qu'un accès privilégié aux marchés nationaux. A cela s’ajoute un soutien spécifique pour accompagner les TPME dans leur transition digitale, incluant l'octroi de subventions financières destinées à stimuler l'utilisation des solutions numériques créées par des acteurs locaux.


Les catalyseurs de l’économie numérique

Pour renforcer la résilience et la compétitivité du tissu économique digital marocain, la stratégie met l’accent sur trois prérequis, considérés comme catalyseurs du développement numérique :  les talents, le cloud et la connectivité. Pour le premier catalyseur, Maroc Digital 2030 vise à déployer un vivier de 100 000 talents par an à horizon 2030, comprenant la formation de 45 000 talents, la reconversion de 50 000 personnes par an vers les métiers du numérique et l'attraction de 6 000 talents étrangers annuellement. En plus du renforcement de l’offre de formation universitaire dans les métiers du digital, l’initiative Digital Talents prévoit d'élargir les programmes d'Upskilling (renforcement des compétences) et de Reskilling (reconversion) à travers des bootcamps numériques intensifs et des formations en ligne.


Le développement du Cloud constitue le deuxième catalyseur. La stratégie a comme objectif de mettre en place une offre nationale de services cloud au Maroc et de préparer la transition des solutions digitales mondiales vers une infrastructure exclusivement cloud. La feuille de route digitale du royaume prévoit aussi de mettre sur pied un « Cloud Souverain », spécifiquement conçu pour le secteur public et les Infrastructures d'importance Vitale, garantissant que les données sensibles demeurent sur le territoire marocain et soient régies par la législation nationale. En parallèle, un Cloud Public sera instauré pour soutenir l'économie numérique et favoriser l'innovation. Des mesures sont aussi proposées pour encourager l'installation des grands fournisseurs de services cloud, ou « hyperscalers  », dans le pays, afin d'offrir une solution adaptée aux entreprises non classées OIV (opérateur d'importance vitale), et au marché international.


Le troisième pilier, ou catalyseur, est la connectivité. Un premier objectif dans ce cadre est la couverture de l’ensemble du territoire en assurant la connectivité des zones rurales et éloignées. Le lancement de la stratégie Maroc Digital 2030 s’accompagne avec la signature du contrat-cadre de la deuxième phase du Plan national du haut débit (PNDH 2) pour étendre la couverture numérique à 1 800 localités actuellement mal desservies. La stratégie inclut également l'installation de prises de fibre optique dans 6 300 sites publics administratifs urbains, ainsi que la fourniture de subventions pour l'équipement en connexion satellite des sites publics ruraux.


De plus, le développement du roaming national 4G permettra de garantir une couverture étendue dans les localités couvertes par le service universel. D'autre part, environ 5,6 millions de ménages seront éligibles à la fibre optique d'ici 2030, favorisant ainsi une inclusion numérique accrue et une amélioration significative de l'accès à internet dans tout le pays. Enfin, le lancement de la stratégie digitale nationale ouvre la voie pour prendre les premiers pas vers l’introduction de la 5G en vue d’attendre une couverture à hauteur de 25 % en 2026 et de 70 % à horizon 2030. Plus globalement, la stratégie Maroc Digital 2030 vise à inaugurer une nouvelle ère de développement, en promouvant « le digital le plus innovant dont au centre sont les dernières et les plus avancées technologies, dont l’IA, la cybersécurité et le cloud », comme le souligne Ghita Mezzour.

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