Enseignement supérieurCrise dans les facultés de médecine: les principaux points de l’accord atteint avec les étudiants
Après 11 mois de crispations sociales, les étudiants en médecine, en pharmacie et en médecine dentaire mettront fin à leur boycott des cours, des stages et des examens. Un accord a été trouvé ce 8 novembre avec le ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de l’Innovation, marquant la fin de la crise qui a paralysé les facultés de médecine du royaume.
Selon Mohamed Rachad Mallouki, représentant des étudiants en médecine à Fès, « cet accord répond aux principaux points et aux revendications légitimes que nous avons défendu dès le départ ». Leurs principales demandes satisfaites, ces étudiants ont ainsi décidé de mettre fin à leur protestation. La décision, précise notre interlocuteur, a été prise de « manière démocratique, avec la participation de l’ensemble des étudiants ». Via un vote électronique qui a connu un taux de participation de 90 %, une majorité de 57,8 % a ainsi soutenu la décision de suspendre la grève ouverte menées depuis quasiment la dernière rentrée universitaire.
Compromis sur la durée de formation
Cette décision a été précédée par une longue réunion entre les représentants du ministère et ceux de la Commission nationale des étudiants en médecine, médecine dentaire et pharmacie au Maroc, et qui s’est poursuivie jusqu’aux premières heures de ce vendredi. Cette réunion, fait savoir Mallouki, « a permis de discuter de manière calme, responsable et ouverte les points de blocage et les solutions pour les dépasser ». À la tête de ces points, la réduction de la durée de la formation, qui a jusque-là été la plus grande source de désaccord.
Dans le cadre du nouvel accord, le ministère a concédé aux revendications des étudiants et s’est engagé à ne pas appliquer l’arrêté du ministre de l’Enseignement supérieur publié au bulletin officiel en mars 2023 portant sur la réduction de la durée de formation dans les facultés de médecine à 6 ans. Ainsi, la durée de formation sera maintenue à 7 années pour les quatre promotions qui ont intégré les facultés avant cette date, à savoir les 2ème, 3ème, 4ème et 5ème promotions. « C’est une décision logique, qui va dans le sens de la non-rétroactivité de la loi », commente notre source.
Les étudiants de la première promotion est quant à elle exclue de la nouvelle décision et sera soumise au nouveau système de 6 ans conformément à l’arrêté qui était déjà en vigueur à la date de leur inscription dans les facultés. Toutefois, ces étudiants pourront bénéficier d’une année optionnelle de stages cliniques d’une durée allant jusqu’à 3 mois, avant la soutenance de leur thèse, avec la délivrance d’attestations pour chaque stage. Par ailleurs, les formations de la sixième année seront reprogrammées avec un volume horaire de 44 semaines. Le volume horaire total sera ainsi augmenté à 5 986 heures.
Annulation des mesures disciplinaires, les indemnités augmentées
Le procès-verbal signé ce 8 novembre prévoit aussi l’annulation de toutes les mesures disciplinaires prises à l’encontre des étudiants et de leurs représentants. Les démarches pour la mise en œuvre de cette décision seront déployées au cours des jours à venir, ajoute notre source. En parallèle, les bureaux des étudiants seront rétablis, et leur statut sera aligné sur les exigences légales et les structures organisationnelles prévues par la loi.
Les étudiants verront aussi les indemnités liées aux missions qu’ils perçoivent augmenter. Selon le nouvel accord, les étudiants de la troisième, quatrième et cinquième années toucheront désormais 1 200 dirhams, tandis que ceux de la sixième et septième années percevront 2 400 dirhams pour la sixième, ajoute notre interlocuteur.
Enfin, pour permettre aux étudiants de se rattraper, des sessions exceptionnels d’examen seront programmées pour chaque semestre. Fin septembre, le ministère avait d'ailleurs annoncé des mesures pour permettre aux étudiants ayant boycotté les examens précédents de passer ceux du second semestre le 4 octobre, ainsi que ceux du premier semestre lors d'une session exceptionnelle, dont la date n'est pas encore connue. La note de zéro sera alors remplacée par celle obtenue lors de ces futurs examens.
Dans un communiqué publié vendredi, l'Institution du Médiateur du Royaume s'est félicitée de l'accord atteint avec les étudiants en médecine. Elle a indiqué que ce règlement a abouti au retour des étudiants concernés aux amphithéâtres et aux stages cliniques, et à la fin de toutes les formes de protestation menées durant près de onze mois, allant jusqu'au boycott total des cours et des examens.
« Ce résultat reflète les efforts conjoints déployés par toutes les parties concernées et traduit la coordination fructueuse entre l'Institution et le reste des intervenants, permettant ainsi de créer un climat propice au dialogue, favorable à l’instauration de la confiance, à l'échange et au rapprochement des points de vue, ce qui a abouti à des solutions garantissant une réponse constitutionnelle et juridique efficace et réaliste aux revendications exprimées depuis le début des formes de protestation, ajoute l'Institution », a affirmé l'institution dans son communiqué.
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