ConjonctureUn redressement de l’activité agricole attendu, Fitch Solutions prévoit une croissance de 5% au Maroc
La croissance de l’économie marocaine devrait s’accélérer, passant de 2,6 % en 2024 à 5 % en 2025 et dépassant ainsi dépassant l’objectif de 4,6 % fixé par le gouvernement, selon les récentes prévisions de Fitch Solutions.
« Notre prévision est particulièrement plus optimiste que le consensus de Focus Economics (un fournisseur de projections macroéconomiques), qui s’élève à 3,7 % », note l'agence.
« Cette accélération significative sera alimentée par une confluence de facteurs positifs », explique la filiale de Fitch Group dans sa note publiée dernièrement.
Une reprise de l’activité agricole
Cette croissance sera tirée, selon Fitch Solutions, par une reprise de la production agricole, qui « agira comme le principal moteur de la croissance du Maroc, améliorant à la fois la consommation intérieure et les exportations nettes ».
Alors que la performance de l’Agriculture nationale a connu au cours des trois dernières années une décélération en raison des conditions climatiques défavorables, la même agence prévoit une saison agricole « normale » en 2025.
« Cela stimulera non seulement le secteur agricole, qui emploie environ 27 % de la population, mais contribuera également à contenir les prix alimentaires, maintenant ainsi l'inflation à un faible niveau », ajoute la même source.
Outre la réduction du chômage, qui a atteint 13,6 % à fin septembre dernier, grâce à la dynamisation de l’emploi agricole, une production agricole plus élevée contribuera également à limiter les pressions inflationnistes, fait savoir la même agence, qui prévoit une inflation moyenne de 1,7 % en 2025, légèrement au-dessus du taux de 1 % enregistré en 2024.
Hausse des investissements
Une dynamique d’investissement « solide » devrait à son tour booster la croissance en 2025. Selon Fitch Solutions, l’assouplissement de la politique monétaire, et la baisse du taux directeur qui s’ensuit, devrait favoriser la croissance des investissements directs étrangers (IDE) et des investissements publics.
« Après une réduction cumulée de 50 points de base (pbs) en 2024, Bank Al Maghrib (BAM) continuera d'alléger la politique monétaire, avec une baisse supplémentaire de 25 pbs en 2025, portant le taux directeur à 2 %. La baisse des coûts d'emprunt stimulera l'investissement privé, tandis que l’afflux d'IDE, notamment dans les secteurs de l'automobile, de l'aérospatiale et des énergies renouvelables, renforcera encore la croissance des investissements », explique la même source.
Alors que le pays continue à attirer les IDE, dont les flux nets ont augmenté de 50,7 % au cours de neuf premier mois de 2024, « cet afflux de capitaux étrangers, combiné à une solide croissance des investissements publics, qui devraient augmenter de 6,8 % en 2024 à 8,6 % en 2025, soutiendra considérablement l'activité d'investissement », ajoute Fitch Solutions.
La politique budgétaire expansionniste du gouvernement, qui inclut une augmentation significative de 11,5 % des dépenses de personnel, aidera par ailleurs à soutenir le pouvoir d'achat des ménages, souligne la même source.
Une contribution positive des exportations
La croissance de l’économie marocaine profitera par ailleurs de l’amélioration des conditions économiques extérieures, notamment le redressement de la demande en Europe. « la croissance de la zone euro passera de 1,4 % en 2024 à 1,8 % en 2025, stimulant la demande pour les exportations marocaines », prévoit l’agence. Cette tendance, conjuguée à une baisse des importations, en raison de la reprise de la production agricole nationale, permettra une contribution « positive » des exportations, qui devraient dépasser les importations.
En outre, la tendance structurelle de reshoring des chaînes d'approvisionnement continuera de bénéficier au Maroc, avec une capacité de production accrue dans les industries orientées vers l'exportation, note la même source. Outre les revenus générées par les exportations, l’économie profitera également des rentrées du tourisme, avec l'organisation de la Coupe d'Afrique des Nations en 2025, qui « entraînera une forte afflux touristique ».
Si la conjoncture semble favorable à la croissance de l'économie marocaine, le principal risque reste une nouvelle mauvaise saison agricole, alerte fitch Solutions. « Si ce risque se matérialise, il maintiendra le taux de chômage à des niveaux élevés, limitant ainsi la consommation, provoquant des pressions inflationnistes et augmentant le besoin d'importations », souligne l'agence.
Pour rappel, dans sa note d'évaluation rendue publique le 8 octobre, Fitch Ratings a confirmé la note du Maroc (IDR) à BB+ avec « une perspective stable ». Cette note, souligne l'agence de notation américaine reflète les politiques macroéconomiques « solides » du pays, un soutien « fort » des créanciers officiels, un profil d'endettement « favorable » et des réserves de liquidité « confortables ».
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