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Développement durableForêts du Maroc 2020 – 2030 : le plan d’investissement de l’ANEF pour attirer le secteur privé

20.02.2025 à 11 H 08 • Mis à jour le 20.02.2025 à 11 H 08 • Temps de lecture : 9 minutes
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Dans le cadre de la stratégie « Forêts du Maroc 2020-2030 », l’ANEF a présenté un plan d’investissement, pour attirer les acteurs privés dans la valorisation du secteur forestier marocain. L’ANEF mise ainsi sur le potentiel des arbres et plantes, et de leurs dérivés, mais également sur les activités autour, comme l’écotourisme ou l’aquaculture

Recouvrant près de 12 % du territoire, soit des millions d’hectares (ha), les forêts marocaines visent à être valorisées. Dans le cadre de la stratégie « Forêts du Maroc 2020-2030 », Abderrahim Houmy, directeur général de l’Agence nationale des eaux et forêts (ANEF), a présenté ce mardi un plan directeur d’investissement (PDI) du secteur forestier.


Lancée par le roi Mohammed VI, la stratégie ambitionne à en faire « un secteur compétitif, moderne, à travers un modèle de gestion inclusive, durable et créateur de richesse, qui place la population usagère au coeur  de la gestion des espaces forestiers », a rappelé le directeur général.


Cette stratégie doit notamment veiller à garder l’équilibre entre la capacité de production et de prélèvement de ses surfaces forestières, en valorisant le potentiel des ressources naturelles pour maintenir un capital, tout en préservant le patrimoine.


À cet égard, le partenariat avec les investisseurs privés représentent de nombreux avantages, en particulier la création d’emploi. Des tels partenariats permettraient aussi d'apporter l’innovation et ainsi la valorisation dans les différentes filières du secteur forestier.


Le PDI qu’Houmy veut propice à l’investissement privé, se présente ainsi avec des orientations claires et stratégiques pour les intéressés. «  Il encourage la valorisation des filières stratégiques, comme l’exploitation durable du liège, les plantes aromatiques médicinales, le bois l’aquaculture… et ouvre également des perspectives à fort potentiel, comme l’écotourisme et les loisirs verts, notamment dans les parcs nationaux », a-t-il indiqué.


Concessions forestières pour attirer les investisseurs privés

Dans le cadre de la stratégie, 120 000 hectares (ha) de surfaces forestières seront définis concessions forestières. Cela signifie qu’un accord a été conclu entre l’État et toute forme d’organisation des populations locales, ou bien des partenaires privés, pour fixer les conditions de valorisation, ou de gestion, d’un espace forestier. Cette méthode, déjà expérimentée dans d’autres régions du monde, vise à une meilleure gouvernance, avec une inclusion sociale, une intégrité environnementale et une faisabilité économique.


Le principe de concession forestière vient de pair avec le renforcement de la valorisation des filières forestières. Le PDI s’est ainsi établi en plusieurs étapes, en commençant par le diagnostic et l’analyse de chaque filière forestière. À l’occasion de la prévention du plan, quatre filières ont été présentées, afin de montrer concrètement quelles opérations sont mises en place pour valoriser le secteur.


Augmenter le potentiel des produits forestiers

Sur le territoire marocain, les forêts s’étendent sur près de neuf millions d’ha. Pour autant, leur végétation changent du tout au tout suivant les régions, avec des modifcations de densité et de composition. Si 42 % des surfaces forestières se trouvent dans le Rif, quelques pour-cents seulement se trouvent dans l’Oriental. Parmi ces forêts, 72 % sont arborées et non steppiques, ce qui correspond à six millions d’ha. Les arbres feuillus représentent ensuite 60 % de cette surface.


En chargre de présenter le potentiel des produits forestier, Jamal Eddine Ouchkif, directeur de l'économie forestière, de l'animation territoriale et du partenariat au sein de l’ANEF, insiste sur l'importance de la filière, précisant que la surface forestière marocaine perd 17 000 ha à cause de la dédensification.


Pour valoriser ces espaces, l’ANEF ambitionne alors de récupérer 133 000 ha, ce qui permettrait de multiplier par 1,5 les emplois directs supplémentaires, et de doubler la valeur marchande, de 2,1 à 5 milliards de dirhams (MMDH).


Parmi ces produits forestiers, Ouchkif cite l’eucalyptus mais aussi le pin. Celui-ci vise à être valorisé grâce à sa résine. D'autant plus que cette activité nécessite de la main-d’oeuvre, elle possède alors un fort potentiel de création d’emplois. Les plantes aromatiques et médicinales présentent elles aussi leurs avantages. Des filières restent très rentable comme le romarin ou le myrte, ajoute Ouchkif. Par exemple, le myrte, présent dans les forêts de chêne-liège, est notamment utilisé dans l’industrie pharmaceutique, et ainsi fortement demandé sur le marché national et international.


Le Maroc mise sur le l’écotourisme

Déjà renommé dans les projets de la Société marocaine d'ingénierie touristique (SMIT), l’écotourisme représente un grand atout sur la feuille de route touristique. Zouhair Amhaouch, chef de département des Parcs Nationaux et des Aires Protégées, présente alors le projet de l’ANEF pour ce secteur, en prenant pour exemple le parc d’Ifrane.




En développant une vision commune avec la SMIT, Amhaouch vise sur l’écotourisme pour réussir à capitaliser la patrimoine naturel marocain. Quatre piliers sont ainsi listés : les actions au coeurs des parcs naturels, les produits touristiques, les animations et l’hébergement. Il précise que des partenariats avec des acteurs institutionnels sont nécessaires, et permet d’accompagner l’investissement privé, qui pourra intervenir dans chaque maillon de la chaîne de valeur de l’écotourisme.


On peut alors citer la restauration, l’aménagement des sites, la formation des acteurs locaux et encore d’autres secteurs. L’idée réside dans « la mise en réseau de tous les acteurs d’un territoire », indique Amhaouch. Pour le site d’Ifrane, Amhaouch cite alors la pêche, l’escalade, ou encore le tourisme de vision, pour observer les animaux. Par exemple, ce dernier nécessite la formation des guides, la création d’hébergements, et appuie ainsi le programme de réintroduction des animaux, mené par l’ANEF.


Le développement et la valorisation de l’acquaculture

Secteur émergent, avec un fort potentiel de création d’emplois dans les zone rurales, l’aquaculture continentale représente aujourd’hui 62,6 % de la production aquacole mondiale, avec les carpes, les tilapias et les truites.


Aquaculture intégrée avec la remise à l'eau d'alevins dans un plan d'eau agricole, dans la province de Jerada. Crédit : Salomé Krumenacher / Le Desk


Présentée par Mohamed Badr Laamiri, chef du département de la pêche et de l'aquaculture continentale à l’ANEF, l’aquaculture gagne à se développer au Maroc, avec la présence de nombreux plans d’eaux agricoles. Dans la province de Jerada, milieu semi-désertique, l’aquaculture intégrée qui consiste à intégrer le poisson dans une eau qui est déjà utilisé pour des fins d'irrigation, est déjà mise en place.


Laamiri précise par ailleurs qu’aujourd’hui, l’aquaculture de la truite de l’Atlas représente une production de 200 tonnes par an, comme le tilapia. De son côté, l’aquaculture de l’anguille, produit très sollicité dans le commerce international, représente une production de 400 tonnes par an.


Les freins de cette filière désormais identifiés, la mise en place en place d'une nouvelle loi de la pêche, l'aquaculture possède aujourd'hui tous les atouts selon Laamiri. Il argumente son propos en évoquant la demande croissante par rapport aux produits animaux notamment les protéines animales, une forte croissance démographique, le potentiel hygroagricole avec les infrastructures sur les réservoirs d’eau, le capital humain social en vue de développer une couche sociale rurale entrepreneuse, et la technologie, nécessaire pour répondre aux défis climatiques.


À l’origine uniquement utilisée pour le repeuplement des espèces, pour le maintien et la conservation de la biodiversité aquatique, des activités supplémentaires à l’aquaculture permettrait son développement. Tout d'abord avec l’aquaculture intégrée, mais aussi en convoitant de nouvelles espèces à forte valeur commerciale, comme l’anguille, l’esturgeon ou encore la sandre, ainsi que les algues comme la spiruline.


Une vision élargie sur les produis dérivés du bois

La filière de recherche et développement (R&D) pour sa part s’intéresse aux produits dérivés du bois, les plantes aromatiques et médicinales, les champignons ou encore la biomasse-énergie. Amar Rabhi, chef du Centre de recherche forestière de l’ANEF a ainsi évoqué le potentiel de bois des pins et des eucalyptus, et leur utilisaiton pour faire des contreplaqués, ou encore des panneaux de fibres.


Rabhi ajoute que les pins pourraient également servir à créer du bois massif reconstitué (BMR), utilisé pour les structures. La pratique de gemmage est également possible, en récoltant l’oléorésine de l’arbre. Après hydrodistillation, la gemme du bois produit de l’essence de térébenthine avec un rendement de 19 à 24 %, mais aussi du colophane, un résidu sec, avec un rendement de 63 % à 70 %. Celui-ci, utilisé pour la fabrication de parfums, décapants, colorants, et autres produits, sert notamment pour instruments à cordes frottées, en l’appliquant sur les cordes de l’archet.


Lauréats de la 2àme édition du concours Green startup. Crédit : ANEF


Des essais de culture contrôlés pour la valorisation de champignons à intérêt économique, comme la pleurote ou le terfezia, en se basant sur le recyclage des produits forestiers. Pour les plantes médicinales, le Maroc accueille déjà près de 6000 espèces, et produit 140 000 tonnes par an, et en exporte 52 000 tonnes par an. Le romarin s'impose comme produit phare de cette filière, mais le myrte, la menthe et le thym sont également des produits commercialisés. Des travaux sont en cours sur les baies de genévriers et la sciure de cèdre. Côté énergie, des recherches ont lieu sur le bois-énergie, une bioénergie issue de la biomasse, notamment utilisé en tant que combustible.


Autant de projets de valorisation de produits à mettre en place, tout en les conciliant avec une économie durable et le respect des ressources. Ainsi l’ANEF mise sur l’innovation et la création pour créer un écosystème permettant l’opérationnalisation des plans directeurs, et ainsi tient à mettre en avant l’oeuvre des startup. À cette occasion, les cinq lauréats de la 2ᵉ édition du Concours Green Startup ont été récompensés après la présentation du PDI. Cette initiative, soutenue par l'Agence de coopération internationale allemande (GIZ), le Crédit agricole du Maroc et l’Université Mohammed VI Polytechnique (UM6P), a primés cinq projets innovants dans des domaines tels que l’écotourisme et la valorisation des produits forestiers.

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