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IndustrieCrise de la conserve de sardine : l’UNICOP sonne l’alarme sur un secteur en péril

10.06.2025 à 17 H 21 • Mis à jour le 10.06.2025 à 17 H 37 • Temps de lecture : 3 minutes
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Effondrement des stocks, chute des exportations, impact social massif : l’Union nationale des industries de la conserve de poisson appelle à un sursaut national pour sauver l’un des piliers stratégiques de l’économie maritime marocaine

Réunie en assemblée générale ce 10 juin à Casablanca, l’Union nationale des industries de la conserve de poisson (UNICOP) a dressé un constat alarmant de la situation du secteur, par ailleurs dans le viseur du Conseil de la concurrence. Face à un effondrement sans précédent des ressources halieutiques, en particulier de la sardine, l’organisation patronale évoque une «  crise systémique  » mettant en danger l’ensemble de la filière, de la ressource à l’export, en passant par l’emploi et l’outil industriel.


Une ressource en chute libre

Principal ingrédient des usines de conserve marocaines, la sardine voit ses stocks s’effondrer. Selon les données de l’Office national des pêches (ONP), les débarquements sont passés de 965 000 tonnes en 2022 à seulement 525 000 tonnes en 2024, soit une chute de près de 46 % en deux ans. Un déclin brutal que l’UNICOP qualifie de «  vertigineux  », et qui fragilise toute la chaîne de valeur du secteur.


«  Une boîte de sardines n’est pas un simple produit, c’est un patrimoine industriel et le gagne-pain de dizaines de milliers de familles  », alerte Mehdi Dhaloomal, président de l’UNICOP. En cause : l’absence de régulation efficace, la surexploitation, la capture massive de juvéniles et la pêche illégale, autant de facteurs qui compromettent la durabilité de la ressource.


Un choc social majeur

Au-delà de la crise écologique, l’UNICOP met en garde contre un impact social d’une ampleur inédite. La conserverie, rappelle l’association professionnelle, est la plus importante branche pourvoyeuse d’emplois dans le secteur halieutique : elle génère huit fois plus de postes que la congélation et quarante fois plus que la production de farine de poisson. Aujourd’hui, plus de 35 000 emplois directs et 120 000 emplois indirects sont menacés.


La chute de la production a déjà entraîné une réduction drastique des heures travaillées, des suspensions de contrats et, dans certains cas, des fermetures temporaires d’usines. Le tissu socio-économique des villes côtières, largement dépendant de cette activité, s’en trouve profondément fragilisé.


Compétitivité en recul et désindustrialisation en vue

Autre signal d’alerte : la perte de compétitivité du Maroc sur le marché mondial. Premier exportateur de conserves de sardines, le royaume a vu ses exportations vers l’Afrique – un débouché stratégique – reculer de 30 % en 2024, en raison de la baisse de l’approvisionnement, mais aussi de la hausse des coûts de production qui rogne les marges des industriels.


Confronté à une concurrence asiatique de plus en plus agressive, le secteur marocain perd du terrain. L’UNICOP parle désormais d’un «  risque de désindustrialisation imminente  », dénonçant l’inaction du gouvernement face à la montée des périls et appelant à un changement de cap urgent.


Un appel à un sursaut national

Pour faire face à cette crise multiforme, l’UNICOP soutient sans réserve les mesures proposées par la secrétaire d’État chargée de la pêche, notamment l’interdiction stricte de la capture des juvéniles et le renforcement de la lutte contre la pêche illégale. Elle appelle cependant à aller plus loin, en mettant en œuvre un plan de sauvetage articulé autour de trois axes prioritaires.


D’abord, la préservation stricte de la ressource, avec l’interdiction d’exporter les volumes de sardines usinables, l’interdiction de leur utilisation pour la farine, la limitation des exportations de poisson congelé et l’interdiction de congeler de la sardine en vrac pour l’alimentation animale.


Ensuite, la protection de l’emploi, à travers un soutien renforcé à l’appareil industriel, afin d’absorber le choc social et maintenir l’outil productif.


Enfin, l’UNICOP demande un rééquilibrage productif, via un moratoire sur l’augmentation des capacités de transformation, mesure jugée indispensable pour enrayer la fuite en avant et permettre une relance durable du secteur.

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