e-SAF verts : pourquoi la France parie sur le potentiel marocain

Les carburants d’aviation durables (e-SAF) apparaissent comme une solution clé pour décarboner un secteur aérien responsable de près de 3 % des émissions mondiales. Mais leur développement reste marginal – seulement 0,3 % de la consommation mondiale de kérosène en 2024 – en raison d’une immaturité industrielle, de coûts élevés et d’un manque d’engagement des acteurs du secteur.

Dans sa quête de décarbonation du secteur aérien, la France se distingue et place de grands espoirs dans les carburants d’aviation durables, en particulier le e-SAF, produit de synthèse issu d’hydrogène vert et de dioxyde de carbone capté. Or, selon les conclusions détaillées du rapport de RTE (Réseau français de transport d’électricité, filiale d’EDF) daté du 23 mai que Le Desk a pu consulter, produire ce carburant en France impliquerait un coût énergétique et économique élevé. À l’inverse, l’importer depuis le Maroc – où les conditions de production sont bien plus compétitives – représenterait une option nettement plus avantageuse.

Le Maroc, terre promise du carburants de synthèse

Comme pour l’hydrogène et l’ammoniac verts, le rapport de RTE rappelle que le Maroc dispose de l’un des potentiels les plus compétitifs au monde en matière d’énergies renouvelables. Le coût de l’électricité verte y oscille entre 15 et 25 euros ( €)/MWh, contre 79 à 88 €/MWh pour les projets récents de solaire et d’éolien en France. Cette différence majeure de coût influe directement sur la compétitivité du e-SAF, dont la première étape - l’électrolyse de l’eau - est extrêmement énergivore.