Le projet de liaison électrique entre Nador et Fos-sur-Mer, dans le sud de la France (lire notre chaîne de révélations), impose un franchissement sous-marin de la Méditerranée sur environ 1 300 km, à des profondeurs atteignant 2 800 mètres. C’est un record mondial : aucune interconnexion existante ou en projet ne combine de telles dimensions. À titre de comparaison, la liaison SA.PE.I entre l’Italie continentale et la Sardaigne plonge à 1 600 m de profondeur. Le projet Tyrrhenian Link, en cours de déploiement dans la même zone, atteindra ponctuellement 2 100 m. Quant au projet Great Sea Interconnector, qui reliera la Grèce à Chypre, il envisage une pose à 3 000 m, mais reste paralysé par les tensions territoriales en Méditerranée orientale. En termes de longueur, le projet Viking Link, avec ses 765 km de longueur de tracé, dont 630 km de liaison sous-marine, est à date le plus long projet de câble HVDC (courant continu haute tension) sous-marin en service.
La liaison Maroc-France serait donc, si elle voit le jour, la première à combiner longueur extrême et très grande profondeur sur l’ensemble de son tracé. Cette spécificité interdit toute transposition directe d’un projet existant et rend l’exercice d’estimation des coûts et de gestion des risques particulièrement délicat, selon les conclusions détaillées du rapport de RTE (Réseau français de transport d’électricité, filiale d’EDF) daté du 23 mai que Le Desk a pu consulter.
RTE ne remet pas en cause l’opportunité stratégique d’une interconnexion Maroc-France, qui permettrait d’acheminer les excédents d’énergie renouvelable marocaine vers l’Europe, en appui aux objectifs de décarbonation de l’Union européenne. Mais son rapport souligne que l’équilibre économique du projet repose sur des hypothèses hautement incertaines.

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