Pressentie depuis plusieurs mois et officiellement annoncée début février, l’introduction en bourse de Snap a lieu ce jeudi 2 mars. Son action a été fixée à 17 dollars, lui permettant d’atteindre une valorisation boursière d’environ 25 milliards de dollars. Pari tenu, donc, pour la maison mère de Snapchat, qui ne cachait pas ses ambitions. Pourtant, l’application préférée des adolescents est loin de faire recette. Snapchat vit principalement des revenus de la publicité et non pas de son activité, qu’elle a du mal à rentabiliser. D’ailleurs, le chiffre d’affaires moyen par utilisateur de l’application reste faible : au 4ème trimestre 2016, il ne s’élevait qu’à 1,05 $, soit quelques centimes de moins que Facebook au trimestre précédant sa propre IPO. Si Snapchat peut tout de même se féliciter de voir le gain par utilisateur augmenter constamment depuis début 2015, l’application devra tout de même faire mieux pour survivre. L’introduction en bourse de Facebook avait été suivie par une hausse du gain par utilisateur. Il est à espérer que Snap connaisse le même sort.
Snap's shares set for trading pop after $3.4 billion IPO https://t.co/gLvEX5cScp
&mdash Reuters Top News (@Reuters) March 2, 2017
L'entreprise s'est fixé l'objectif de lever entre 3 et 4 milliards de dollars. L’application, lancée en 2011, viserait donc une valorisation à 25 milliards de dollars et dépasserait ainsi Google, qui avait été valorisé à 23 milliards de dollars lors de son introduction en bourse en 2004. Les ambitions de Snapchat peuvent donc sembler bien hautes, mais la société, en pleine expansion, a déjà su convaincre les investisseurs en mai dernier grâce à ses revenus publicitaires et a réalisé une levée de fonds d’1,8 milliard de dollars. Cette opération - très attendue par les investisseurs - a vite été comparée à celle de Facebook en 2012 et d'Alibaba en 2014, même si les niveaux de valorisations étaient bien plus élevés avec 104,2 et 167,4 milliards de dollars respectivement.
Mais comme Facebook en 2012, l'arrivée en bourse de Snapchat suscite toutefois beaucoup d'interrogations. L'application de partage de photos et de vidéos éphémères affiche 158 millions d'utilisateurs (beaucoup moins que Facebook à l'époque ou qu'Instagram aujourd'hui), dont 71 % ont moins de 25 ans. Son chiffre d'affaires a été multiplié par sept en 2016, à 405 millions de dollars, mais ses pertes se sont creusées, à 515 millions.
Pourtant, la direction se montre confiante dans son business model et sa capacité à « monétiser » son audience. Elle espère atteindre le milliard de dollars de recettes publicitaires dès 2017 et augmenter encore l'implication de ses utilisateurs. Estampillée "réseau social préféré des jeunes", une cible marketing très importante, elle leur permet de se mettre en scène dans leur vie quotidienne et de partager ces contenus avec leurs amis.
Snap semble bien parti pour décrocher cette semaine le titre de plus grosse introduction en Bourse du secteur des hautes technologies depuis Facebook mais l'histoire montre que les investisseurs qui n'auront pas participé à l'opération ont intérêt à attendre avant de partir à la chasse au petit fantôme.
Les actions des 25 plus importantes IPO de la high-tech ont au mieux stagné au cours des 12 premiers mois de cotation et 16 d'entre elles ont lourdement chuté par rapport à leur premier cours coté, notamment Facebook. Mais l'entreprise de Mark Zuckerberg s'est bien rattrapée depuis, gagnant plus de 660 % par rapport à son plus bas de septembre 2012, rappelle l'agence. Elle a d'ailleurs tenté de racheter Snapchat, en 2013, pour 3 milliards de dollars.
L'IPO de Snap est particulièrement observée car si elle se traduisait pas une forte progression du titre en Bourse, elle pourrait inciter d'autres compagnies de la « net economy » comme Uber, Airbnb ou encore Spotify, à se lancer. Ces start-up très en vue partagent en effet avec Snap des valorisations potentiellement très élevées, dans lesquelles certains observateurs voient une nouvelle « bulle » du secteur technologique. On reste cependant loin des sommets atteints par Facebook (100 milliards lors de son IPO) ou plus récemment Alibaba (220 milliards).
Dès octobre 2016, les informations du WSJ, indiquaient que le fantôme de Snapchat pourrait bientôt faire son apparition à Wall Street. Evan Spiegel, PDG de Snapchat, cette appli extrêmement populaire auprès des adolescents et les jeunes adultes, n'avait en effet jamais caché son ambition d'une introduction en bourse. L'entreprise visait une valorisation de plus de 20 milliards de dollars, faisant ainsi son entrée dans la cour des grands de la tech. En 2014, l'application aux photos et vidéos éphémères était valorisée à 1,5 milliard de dollars - en mai 2016, sa valeur atteignait 17,8 milliards de dollars, selon le WSJ.
Selon des documents financiers dévoilés récemment, Snapchat annonçait avoir opéré un tour de table qui lui aurait rapporté 1,8 milliards de dollars. Suite à toutes ces levées de fonds, l'entreprise vaut désormais entre 17 et 22 milliards de dollars. À en croire les données du site TechCrunch, Snapchat comptait 110 millions d'utilisateurs actifs chaque jour fin 2015 dont 50 millions aux États-Unis, 35 millions en Europe et 26 millions dans le reste du monde.
Depuis, et alors que Facebook valait un peu plus de 100 milliards de dollars en 2012, la valorisation de Snap était estimée aux alentours de 25 milliards de dollars. Le nombre d'utilisateurs actifs quotidiens de Snapchat ne cesse de croître et aurait désormais presque atteint la barre des 160 millions - dont seuls 68 millions viennent d'Amérique du Nord.
Mais le Snapchat de 2017 vaut-il le Facebook de 2012 ou encore le Twitter de 2013 ? Comme le montre le graphique Statista, Facebook n'était pas vraiment comparable à Snapchat à l'époque : non seulement, Facebook comptait alors déjà plus de 500 millions d'utilisateurs actifs quotidiens (contre 158 millions pour Snapchat), mais l'entreprise de Mark Zuckerberg était aussi rentable et dégageait des bénéfices de près d'un milliard de dollars. Et Twitter ? Le chiffre d'affaires dépassait celui de Snap de 32 % avant son IPO et enregistrait également moins de pertes. Mais en ce qui concerne les utilisateurs, on estime que Snap fait mieux que Twitter qui ne publie pas le nombre de ses utilisateurs actifs quotidiens et qui comptait que 232 millions d'utilisateurs actifs mensuels lors de son introduction en bourse.
Ceci-dit, beaucoup questionnent la viabilité du réseau social qui, près de 6 ans après son lancement, n’est toujours pas profitable. L’application de photos et vidéos éphémères peine en effet à monétiser son activité, bien qu’elle compte 158 millions d’utilisateurs actifs quotidiens. Les résultats d’entreprise montrent ainsi que la recette moyenne de Snapchat par utilisateur n’était que de 1,05 dollar au 4ème trimestre 2016. Ce gain par utilisateur a certes été multiplié par plus de 20 en à peine deux ans, mais c’est beaucoup moins que Facebook, dont le chiffre d’affaires moyen par utilisateur s’élevait à près de 16 dollars en 2016. Mais ce résultat en demi-teinte n’a pas empêché Snap de viser une valorisation à 25 milliards de dollars pour son introduction en bourse.
Nous le disions plus haut, Snapchat a acquis une grande popularité auprès des adolescents et des jeunes adultes grâce à ses messages qui disparaissent peu après avoir été vus par leurs destinataires, et revendique plus de 100 millions d'utilisateurs - mais la question se pose si une croissance est possible auprès des plus de 35 ans ? Alors que Snapchat est presque aussi populaire que Facebook chez les jeunes possesseurs de smartphones, l'appli ne parvient pas à convaincre les plus de 35 ans.
L’application de partage de photos et de vidéos Instagram a fini l’année 2016 en beauté : avec 600 millions d’utilisateurs actifs par mois, le réseau social est deux fois plus utilisé que son rival Snapchat.Constamment en concurrence, les deux applications proposent des fonctionnalités très proches. En légère perte de vitesse début 2016, Instagram a lancé en août dernier une fonction « Stories », reprenant la marque de fabrique de Snapchat. Dès son lancement, 21 % des utilisateurs actifs d’Instagram se sont mis à poster des Stories, contre 45 % des utilisateurs de Snapchat le même mois. L’impressionnant développement d’Instagram pourrait donc sérieusement porter préjudice à son rival.
Plus de 60 % des annonceurs diffusent des campagnes sur Facebook au moins une fois par mois, laissant les autres réseaux sociaux loin derrière. C'est le résultat d'une étude menée par Social Fresh qui révèle que les deux poursuivants de Facebook, Twitter et Instagram, atteignent un taux de 32 % et 30 %. Le réseau professionnel Linked In est cité par 23 % des annonceurs et seuls 4 % des publicitaires déclarent utiliser Snapchat - réseau social qui fait surtout fureur chez les adolescents - au moins une fois par mois.
A en croire le site ReCode, « le marché des applis est fini » , pour la simple raison que « les téléphones sont déjà remplis d'applis » et que les seules nouvelles qui sont téléchargées sont Snapchat ou Uber.Mais quelles sont les applis que les gens utilisent effectivement ? Les données de Sensor Data et ReCode nous réservent peu de surprises lorsqu'il s'agit de définir les applis les plus téléchargées au monde : les géants Google, Facebook et Twitter dominent ce palmarès. Avec 41,2 millions de téléchargements, WhatsApp arrive largement en tête suivi de Messenger (39,3 millions) et le réseau social de Mark Zuckerberg (36 millions)
Facebook est l’application star des détenteurs de smartphones. Selon les données du cabinet MIDiA Research, l’appli du célèbre réseau social est en effet utilisé au moins une fois par semaine par les utilisateurs de messagerie mobile. L’appli Facebook Messenger, système de messagerie instantanée, arrive quant à elle en troisième position. 71 % des utilisateurs ont également recours chaque semaine à l’application de YouTube. Par contre, Snapchat rencontre un succès plus mitigé, puisque seuls 22 % des répondants s’en servent au moins une fois par semaine.
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