Désintox
La reconstitution du supposé réseau complotiste bergéro-sioniste par la DGSN algérienne. Image de la télévision algérienne
Déclarations
L’Algérie monte un dossier bidon pour accuser le Maroc et Israël d’armer le séparatisme kabyle
Un groupuscule terroriste kabyle, un trafic d’armes de guerre et de munitions, des liens cabalistiques, un réseau identitaire berbéro-sioniste animé sur la Toile par des agents du Mossad liés au Maroc… : la propagande algérienne a livré hier à travers ses médias une mise en scène dans la pure tradition du kompromat russe. Objectif : convaincre l’opinion publique de la menace constituée par l’axe Rabat-Tel Aviv et réprimer toute dissidence. Anatomie d’une machination
À l'origine
Les services de la sûreté nationale algérienne « ont procédé, au cours de cette semaine, au démantèlement d'un groupe criminel appartenant à l'organisation terroriste MAK (Mouvement pour l'autodétermination de la Kabylie, ndlr) et à l'arrestation de 17 suspects qui étaient en train de préparer des opérations armées », a indiqué mercredi l’agence officielle Algérie Presse Service (APS), citant la direction de la police.
Les 17 mis en cause, actifs dans les wilayas de Tizi Ouzou, Bejaïa et Bouira, ciblaient, selon la même source, « la sécurité et l'unité nationales avec la complicité de parties internes d'obédience séparatiste ».
« Les preuves numériques et les aveux des mis en cause lors de l'enquête préliminaire ont démontré que les membres de ce groupe terroriste étaient en contact permanent avec des parties étrangères via l'espace cybernétique. Le groupe activait sous couvert d'associations et d'organisations de la société civile implantées au sein de l'entité sioniste et dans un Etat nord-africain », d'après la même source.
« Les opérations de perquisition des domiciles des mis en cause, effectuées sous la supervision des autorités judiciaires compétentes, ont permis la saisie de documents prouvant des contacts permanents avec les institutions de l'entité sioniste, des armes et matériels de guerre, des emblèmes et des tracts de propagande appartenant à l'organisation terroriste MAK », conclut le communiqué de la DGSN algérienne relayé par l’APS.
Les détails
Les 17 mis en cause, actifs dans les wilayas de Tizi Ouzou, Bejaïa et Bouira, ciblaient, selon la même source, « la sécurité et l'unité nationales avec la complicité de parties internes d'obédience séparatiste ».
« Les preuves numériques et les aveux des mis en cause lors de l'enquête préliminaire ont démontré que les membres de ce groupe terroriste étaient en contact permanent avec des parties étrangères via l'espace cybernétique. Le groupe activait sous couvert d'associations et d'organisations de la société civile implantées au sein de l'entité sioniste et dans un Etat nord-africain », d'après la même source.
« Les opérations de perquisition des domiciles des mis en cause, effectuées sous la supervision des autorités judiciaires compétentes, ont permis la saisie de documents prouvant des contacts permanents avec les institutions de l'entité sioniste, des armes et matériels de guerre, des emblèmes et des tracts de propagande appartenant à l'organisation terroriste MAK », conclut le communiqué de la DGSN algérienne relayé par l’APS.
Suite à cette annonce faite via l’APS, la 3ème chaine de la télévision algérienne a diffusé un reportage de 13 minutes intitulé « La chute des liens illusoires » (.سقوط خيوط الوهم.) Il s’ouvre sur un extrait attribué à la police algérienne qui affirme qu’il s’agit « d’un complot remontant à 2014 ». « Ce complot s'appuie sur l'entité sioniste et un autre pays d'Afrique du nord. Ils se préparaient à mener une action armée sur le territoire national avec la complicité de personnes ayant embrassé la thèse séparatiste ».
Élément central de l’enquête de la police algérienne : un groupe Facebook du nom de « Tamazgha- Israël ». Ouvert au public, celui-ci réunit quelque 3 500 membres. Effet garanti, la télévision algérienne affiche à l’écran un diagramme et des images extraites des pages Facebook des membres de ce groupe censés montrer leurs interconnexions et notamment leur sympathie pour l’ennemi israélien.
Le groupe Facebook, sans lien avec la présentation des armes par la police algérienne, est montré comme étant un élément central de l'affaire. Capture d'écran de la vidéo de TV3.
« La DGSN a cru dans un premier temps tomber sur une bande criminelle. Il s’est avéré qu’elle avait finalement des liens avec le groupe terroriste MAK. Les fils ont finalement mené à certaines zones du monde qui assument leur hostilité envers l’Algérie : Israël et le Maroc », poursuit la voix off sur un ton alarmant et une musique de fond lancinante. A l’image, trois suspects assis sur une chaise les mains entravées dans le dos, puis des membres de forces spéciales encadrant les pièces à convictions saisies lors des perquisitions : des uniformes et treillis militaires, des armes de poing, des fusils à pompe de type Semionov, des grenades, des cartouches et minutions diverses, des liasses de billets de banque, des paires de jumelles…
On présente alors A. Makhlouf, propriétaire d’un bar qui « contient des signes étranges », poursuit le commentateur, tandis que des images de l’établissement sont montrées dont celle de son plafond en plâtre… orné d’une étoile à six branches…
Incrustée au plafond du bar détenu par le principal suspect, une étoile de plâtre à six branches que la police algérienne a jugé suspecte. La supposée étoile de David étant ainsi montée en preuve cabalistique du lien de l'accusé avec Israël. Capture d'écran de la vidéo de la télévision algérienne.
Makhlouf s’exprime face caméra. Il dit être militant du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), parti politique qui se définit par ailleurs comme laïc et affirme représenter « tous les Algériens ». C’est à son domicile que des fusils (de chasse) ont été saisis, tout comme de l’argent liquide en dinars et euros. Dans ses déclarations, l’homme reconnaît avoir croisé il y a bien longtemps Ferhat Mhenni, président du MAK aujourd’hui en exil en France, dans le cadre des activités du RCD que ce dernier avait cofondé. « Je suis pour l’autonomie régionale », lance-t-il. Rien de ce qu’il répond à ceux qui le questionnent ne confine à des aveux compromettants.
Le reportage indique que les enquêteurs ont procédé à des « expertises techniques » et que le suspect a tenté de transformer ses fusils en armes de guerre pouvant être chargées en munitions de Kalachnikov. Lui, avance pour sa part, que la fabrication artisanale en acier des douilles devait servir pour la chasse au sanglier. La voix off de l’émission se demande si un silencieux saisi pourrait servir à cet usage. « C’est un adaptateur pour fusil à pompe. Il tire des cartouches de 12 », réplique l’accusé. « Ils ont trouvé ces armes sous ma cage d’escalier », ajoute-t-il. Ses propos sont continuellement coupés au montage dans le but évident de les tourner en aveux.
Les munitions présentées par la police algérienne. Capture d'écran de la vidéo de la télévision algérienne.
Deuxième suspect et même mise en scène pour C. Taher. On comprend qu’il a servi comme intermédiaire dans la vente d’accessoires et de munitions pour les armes de Makhlouf : « 38 balles de Kalachnikov ». « J’ai refusé au début mais j’ai cédé sous la menace d’en informer les services de sécurité », dit-il. Ses déclarations sautent au montage pour y insérer une évocation au MAK. Ses dires se résument au fait qu'ils décrivent les idées politiques et la sympathie de Makhlouf pour le mouvement de Ferhat Mhenni. « C’est un makiste », lâche-t-il.
Un troisième protagoniste est présenté à l’écran, un agriculteur. Accusé d’être chargé du transport de l’arsenal, M. Akli affirme que des « gens du MAK » lui ont remis un sac en plastique. « Quand j’ai vérifié son contenu, j’ai trouvé des ‘mahchoucha’ (fusils à canon scié, ndlr) en contrepartie d’une somme de 38 millions de centimes. On m’a remis 2 millions de centimes ».
Sans transition, le reportage revient au groupe Facebook. Mais là, plus aucune mention de Makhlouf qu’on avait pourtant désigné comme le cerveau du complot maroco-israélien. D’autres noms sont cités sans lien avec lui : Yunes Mimuni, un Marocain « résidant en Suède » et une Israélienne, Sarah Tiar, tous deux reliés par le réseau social.
La voix off énonce : « Du groupe Facebook Tamazgha-Israël, se prépare le jeu de la trahison. Les enquêteurs sont arrivés à d'étranges noms qui ne sont pas algériens ».
Mimouni est alors placé à son tour au centre de la conspiration, mais cette fois sur la Toile : « Il se dirige vers Israël à travers la porte du Maroc », commente la voix off. « C'est un sectaire du Mossad qui touche à tout », accuse-t-on.
Yunes Mimuni est présenté au centre de la nébuleuse. Ses photos prises lors de ses voyages à Tel Aviv bien avant le rétablissement des relations diplomatiques entre le Maroc et Israël sont exposées à l'écran. Capture d'écran de la vidéo de TV3.
Quant à Sarah Tiar, esthéticienne à Tel Aviv, les agents de la lutte contre la criminalité cybernétique algériens disent être remontés jusqu'à son adresse à travers le protocole interne de Facebook. Conclusion : « la sioniste habite en Israël et a deux fils : le premier est un agent du Mossad, tandis que le second est militaire de Tsahal ».
Un quatrième homme est alors présenté, Kamel Chetti, lui aussi ligoté. Il affirme avoir été membre du MAK en 2010. « J’étais secrétaire national chargé de l'environnement », explique-t-il. Celui-ci ne manque pas de préciser que tous les évènements du MAK auxquels il a participé étaient publics, diffusés sur les réseaux sociaux, notamment sur Facebook, sur les sites d'informations du MAK, etc. « On m'a ajouté dans un groupe et j'ai accepté l'adhésion » plaide-t-il alors que ses propos sont coupés, reconnaissant par bouts de phrases que son intitulé « Tamazgha-Israël » indique bien qu’« il y avait des Israéliens, c'est sûr… ». « J’avais une amie russe (…). Elle m'a dit sur Facebook pour ne pas venir ici (Algérie, ndlr), qu’on se verrait en Israël ». Il explique en substance lui avoir dit que des amis sur le groupe pouvaient « l'aider sur place ». « J'ai contacté Sarah Tiar parce que c'est la première que j'ai connue sur le groupe. Je l'ai contactée, elle m'a donnée le numéro de téléphone… ». Le montage s’attarde sur sa déclaration « Je l'ai connue sur Facebook… ». Il ajoute, encore en réponse à une question supprimée : « Je ne crois pas aux religions ».
Sans transition encore une fois, le reportage aborde l’enquête policière sur fond d’image d’agents en uniforme devant leurs écrans d’ordinateur. Les autorités algériennes disent avoir repéré, sans l’expliquer, des enregistrements sonores de Mamou Sifax, placé sous mandat de dépôt dans l’affaire du lynchage à mort en août dernier de Djamel Bensmail, un jeune musicien accusé par la foule d'avoir tenté de provoquer un incendie en Kabylie. Ces bandes sonores devraient, toujours selon la voix off, montrer l'implication du groupe affilié au MAK dans ce crime. Sifax était en contact avec Chérif. M, militant du MAK. Ce dernier lui a assuré sa détermination à réaliser l’autonomie de la Kabylie « par tous les moyens », conclut-on de leurs échanges.
Les faits réels
Élément central de l’enquête de la police algérienne : un groupe Facebook du nom de « Tamazgha- Israël ». Ouvert au public, celui-ci réunit quelque 3 500 membres. Effet garanti, la télévision algérienne affiche à l’écran un diagramme et des images extraites des pages Facebook des membres de ce groupe censés montrer leurs interconnexions et notamment leur sympathie pour l’ennemi israélien.
« La DGSN a cru dans un premier temps tomber sur une bande criminelle. Il s’est avéré qu’elle avait finalement des liens avec le groupe terroriste MAK. Les fils ont finalement mené à certaines zones du monde qui assument leur hostilité envers l’Algérie : Israël et le Maroc », poursuit la voix off sur un ton alarmant et une musique de fond lancinante. A l’image, trois suspects assis sur une chaise les mains entravées dans le dos, puis des membres de forces spéciales encadrant les pièces à convictions saisies lors des perquisitions : des uniformes et treillis militaires, des armes de poing, des fusils à pompe de type Semionov, des grenades, des cartouches et minutions diverses, des liasses de billets de banque, des paires de jumelles…
On présente alors A. Makhlouf, propriétaire d’un bar qui « contient des signes étranges », poursuit le commentateur, tandis que des images de l’établissement sont montrées dont celle de son plafond en plâtre… orné d’une étoile à six branches…
Makhlouf s’exprime face caméra. Il dit être militant du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), parti politique qui se définit par ailleurs comme laïc et affirme représenter « tous les Algériens ». C’est à son domicile que des fusils (de chasse) ont été saisis, tout comme de l’argent liquide en dinars et euros. Dans ses déclarations, l’homme reconnaît avoir croisé il y a bien longtemps Ferhat Mhenni, président du MAK aujourd’hui en exil en France, dans le cadre des activités du RCD que ce dernier avait cofondé. « Je suis pour l’autonomie régionale », lance-t-il. Rien de ce qu’il répond à ceux qui le questionnent ne confine à des aveux compromettants.
Le reportage indique que les enquêteurs ont procédé à des « expertises techniques » et que le suspect a tenté de transformer ses fusils en armes de guerre pouvant être chargées en munitions de Kalachnikov. Lui, avance pour sa part, que la fabrication artisanale en acier des douilles devait servir pour la chasse au sanglier. La voix off de l’émission se demande si un silencieux saisi pourrait servir à cet usage. « C’est un adaptateur pour fusil à pompe. Il tire des cartouches de 12 », réplique l’accusé. « Ils ont trouvé ces armes sous ma cage d’escalier », ajoute-t-il. Ses propos sont continuellement coupés au montage dans le but évident de les tourner en aveux.
Deuxième suspect et même mise en scène pour C. Taher. On comprend qu’il a servi comme intermédiaire dans la vente d’accessoires et de munitions pour les armes de Makhlouf : « 38 balles de Kalachnikov ». « J’ai refusé au début mais j’ai cédé sous la menace d’en informer les services de sécurité », dit-il. Ses déclarations sautent au montage pour y insérer une évocation au MAK. Ses dires se résument au fait qu'ils décrivent les idées politiques et la sympathie de Makhlouf pour le mouvement de Ferhat Mhenni. « C’est un makiste », lâche-t-il.
Un troisième protagoniste est présenté à l’écran, un agriculteur. Accusé d’être chargé du transport de l’arsenal, M. Akli affirme que des « gens du MAK » lui ont remis un sac en plastique. « Quand j’ai vérifié son contenu, j’ai trouvé des ‘mahchoucha’ (fusils à canon scié, ndlr) en contrepartie d’une somme de 38 millions de centimes. On m’a remis 2 millions de centimes ».
Sans transition, le reportage revient au groupe Facebook. Mais là, plus aucune mention de Makhlouf qu’on avait pourtant désigné comme le cerveau du complot maroco-israélien. D’autres noms sont cités sans lien avec lui : Yunes Mimuni, un Marocain « résidant en Suède » et une Israélienne, Sarah Tiar, tous deux reliés par le réseau social.
La voix off énonce : « Du groupe Facebook Tamazgha-Israël, se prépare le jeu de la trahison. Les enquêteurs sont arrivés à d'étranges noms qui ne sont pas algériens ».
Mimouni est alors placé à son tour au centre de la conspiration, mais cette fois sur la Toile : « Il se dirige vers Israël à travers la porte du Maroc », commente la voix off. « C'est un sectaire du Mossad qui touche à tout », accuse-t-on.
Quant à Sarah Tiar, esthéticienne à Tel Aviv, les agents de la lutte contre la criminalité cybernétique algériens disent être remontés jusqu'à son adresse à travers le protocole interne de Facebook. Conclusion : « la sioniste habite en Israël et a deux fils : le premier est un agent du Mossad, tandis que le second est militaire de Tsahal ».
Un quatrième homme est alors présenté, Kamel Chetti, lui aussi ligoté. Il affirme avoir été membre du MAK en 2010. « J’étais secrétaire national chargé de l'environnement », explique-t-il. Celui-ci ne manque pas de préciser que tous les évènements du MAK auxquels il a participé étaient publics, diffusés sur les réseaux sociaux, notamment sur Facebook, sur les sites d'informations du MAK, etc. « On m'a ajouté dans un groupe et j'ai accepté l'adhésion » plaide-t-il alors que ses propos sont coupés, reconnaissant par bouts de phrases que son intitulé « Tamazgha-Israël » indique bien qu’« il y avait des Israéliens, c'est sûr… ». « J’avais une amie russe (…). Elle m'a dit sur Facebook pour ne pas venir ici (Algérie, ndlr), qu’on se verrait en Israël ». Il explique en substance lui avoir dit que des amis sur le groupe pouvaient « l'aider sur place ». « J'ai contacté Sarah Tiar parce que c'est la première que j'ai connue sur le groupe. Je l'ai contactée, elle m'a donnée le numéro de téléphone… ». Le montage s’attarde sur sa déclaration « Je l'ai connue sur Facebook… ». Il ajoute, encore en réponse à une question supprimée : « Je ne crois pas aux religions ».
Sans transition encore une fois, le reportage aborde l’enquête policière sur fond d’image d’agents en uniforme devant leurs écrans d’ordinateur. Les autorités algériennes disent avoir repéré, sans l’expliquer, des enregistrements sonores de Mamou Sifax, placé sous mandat de dépôt dans l’affaire du lynchage à mort en août dernier de Djamel Bensmail, un jeune musicien accusé par la foule d'avoir tenté de provoquer un incendie en Kabylie. Ces bandes sonores devraient, toujours selon la voix off, montrer l'implication du groupe affilié au MAK dans ce crime. Sifax était en contact avec Chérif. M, militant du MAK. Ce dernier lui a assuré sa détermination à réaliser l’autonomie de la Kabylie « par tous les moyens », conclut-on de leurs échanges.
De toute cette affaire montée en épingle pour accuser le Maroc et Israël d’avoir ourdi un complot visant à fournir des armes à des séparatistes kabyles, le seul lien avec le royaume tient à la nationalité de Yunes Mimuni. Touche à tout comme présenté par les Algériens, Mimuni l'est bien, mais dans des contextes militants particuliers et souvent en opposition à la ligne officielle du Maroc.
République du Rif, Drapeau Amazigh, ou encore Kurdistan, Yunes Mimuni est de tous les combats. Image Facebook.
Sur son profil Facebook, s’il n'hésite pas à soutenir plusieurs mouvements autonomistes ou indépendantistes, dont notamment le MAK, mais aussi le PKK kurde, on le voit tout aussi activement appeler à la libération de Nasser Zefzafi, ex-leader du Hirak rifain, condamné à 20 ans de prison. Il s'affiche souvent arborant le fanion de la République du Rif ou encore le drapeau amazigh. Une photo qu’il a postée sur Facebook montre un passeport marocain jeté dans les flammes d’un brasero…
Mimuni a exposé sur ses réseaux l'image de l'autodafé d'un passeport marocain . Une photo que les Algériens se gardent de mentionner car en contradiction totale avec leurs thèses. Image Facebook.
Quant à Kamel Chetti censé être le chaînon entre Mimuni et l’Israélienne Tiar uniquement de par leur appartenance commune depuis des années au groupe Facebook « Tamazgha-Israël », celui-ci n’est pas inconnu des services algériens. Ce militant de la cause kabyle a maintes fois été arrêté depuis 2013 pour son activisme, mais jamais pour terrorisme. D'ailleurs, un appel à la mobilisation avait été un jour avant la diffusion de l'émission, par les sites MAKistes signalant son enlèvement par des militaires...
Le verdict
Sur son profil Facebook, s’il n'hésite pas à soutenir plusieurs mouvements autonomistes ou indépendantistes, dont notamment le MAK, mais aussi le PKK kurde, on le voit tout aussi activement appeler à la libération de Nasser Zefzafi, ex-leader du Hirak rifain, condamné à 20 ans de prison. Il s'affiche souvent arborant le fanion de la République du Rif ou encore le drapeau amazigh. Une photo qu’il a postée sur Facebook montre un passeport marocain jeté dans les flammes d’un brasero…
Quant à Kamel Chetti censé être le chaînon entre Mimuni et l’Israélienne Tiar uniquement de par leur appartenance commune depuis des années au groupe Facebook « Tamazgha-Israël », celui-ci n’est pas inconnu des services algériens. Ce militant de la cause kabyle a maintes fois été arrêté depuis 2013 pour son activisme, mais jamais pour terrorisme. D'ailleurs, un appel à la mobilisation avait été un jour avant la diffusion de l'émission, par les sites MAKistes signalant son enlèvement par des militaires...
Dans la plus pure tradition du kompromat russe, le pouvoir algérien a monté de toutes pièces un dossier vide pour servir sa propagande contre le Maroc dans un contexte de tensions lié à la situation interne du pays et en raison de ses différends diplomatiques avec Rabat sur nombre de questions géopolitiques dont principalement celle relative au dossier du Sahara.
La fabrication de cette affaire, aussi sordide que surréaliste ne résiste pas à la vérité des faits et renseigne sur la détermination d'Alger à vouloir désigner un ennemi de l'intérieur soutenu pas une alliance formée par deux pays présentés comme hostiles: le Maroc et Israël :
L’arrestation de sympathisants du MAK pour détention d’armes dans une Kabylie où elles circulent presque au grand jour pour diverses raisons n’est absolument pas étayée par des preuves sur leur supposé projet terroriste : pas de tracts, pas de revendications, pas de cibles désignées, pas de plan insurrectionnel.
La superposition fantaisiste de cette affaire avec des accusations de collusion avec Israël sur la seule base d’échanges anodins entre membres d’un groupe Facebook identitaire public est un monument de ridicule, tout comme les efforts de scénarisation jusqu'à l'absurde de la télévision d’Etat algérienne pour convaincre l’opinion publique.
Cette affaire illustre parfaitement ce qu’a décrit Amnesty International fin septembre sur la dérive du pouvoir d’Alger qui tente de faire écran à ses turpitudes : « Les autorités algériennes se servent de plus en plus d’accusations liées au terrorisme formulées en termes vagues pour engager des poursuites contre des journalistes, des défenseurs des droits humains et des militants politiques, et s’attachent à criminaliser des organisations politiques en les qualifiant de ‘terroristes’ dans le cadre de la nouvelle répression qui vise la dissidence ».
La fabrication de cette affaire, aussi sordide que surréaliste ne résiste pas à la vérité des faits et renseigne sur la détermination d'Alger à vouloir désigner un ennemi de l'intérieur soutenu pas une alliance formée par deux pays présentés comme hostiles: le Maroc et Israël :
L’arrestation de sympathisants du MAK pour détention d’armes dans une Kabylie où elles circulent presque au grand jour pour diverses raisons n’est absolument pas étayée par des preuves sur leur supposé projet terroriste : pas de tracts, pas de revendications, pas de cibles désignées, pas de plan insurrectionnel.
La superposition fantaisiste de cette affaire avec des accusations de collusion avec Israël sur la seule base d’échanges anodins entre membres d’un groupe Facebook identitaire public est un monument de ridicule, tout comme les efforts de scénarisation jusqu'à l'absurde de la télévision d’Etat algérienne pour convaincre l’opinion publique.
Cette affaire illustre parfaitement ce qu’a décrit Amnesty International fin septembre sur la dérive du pouvoir d’Alger qui tente de faire écran à ses turpitudes : « Les autorités algériennes se servent de plus en plus d’accusations liées au terrorisme formulées en termes vagues pour engager des poursuites contre des journalistes, des défenseurs des droits humains et des militants politiques, et s’attachent à criminaliser des organisations politiques en les qualifiant de ‘terroristes’ dans le cadre de la nouvelle répression qui vise la dissidence ».
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