
n°915.LGV et écosystème ferroviaire au Maroc: comment l’Espagnol Talgo se positionne comme un sérieux prétendant
« Nous ne sommes pas des petits joueurs en la matière », glisse cette source de haut rang, côté espagnol. C'est qu'alors que le sujet de la prolongation de la Ligne à Grande Vitesse au Maroc jusqu'à Marrakech puis Agadir, est sur toutes lèvres, un des éventuels prétendants pour sa réalisation se faisait discret : les compagnies espagnoles qui justifient déjà de plusieurs années d'expérience, et qui n'ont rien à se reprocher devant leurs concurrents français comme chinois.
L'élément de contexte joue d'ailleurs en faveur de Madrid : la co-organisation de la coupe du monde de football 2030, avec le Portugal et l'Espagne, pourrait être un terrain fertile pour le renforcement de la coopération au niveau de plusieurs domaines ayant lien avec l'infrastructure. Et surtout pour les transports, talon d'Achille du Maroc qui peine à relier ses grandes villes et qui préparait déjà le prolongement et le renforcement de son offre LGV.
Dans un article publié ce week-end, le média espagnol L'Informacion confirmait les ambitions de l'une des entreprises ibériques, Talgo, en citant des sources du marché. Le constructeur Talgo est réputé pour son train à grande vitesse de modèle Avril, dont les premières unités seront opérées par la société nationale d'exploitation des chemins de fer espagnols, Renfe.
Au-delà du territoire espagnol, Talgo est aussi présent à l'international, poussé par la libéralisation du secteur dans certains pays européens, à l'instar de la France où on retrouve les modèles Avril qui seront déployés à l'ouest de l'Hexagone dès 2025. En Arabie saoudite, les trains grande vitesse de Talgo fonctionnent depuis 2018.
Ainsi, avec 12 remorques et l’utilisation de sièges 3+2 et 2+2, le Talgo Avril offre 497 sièges dans les versions à deux classes et un maximum de 581 dans une variante à grande capacité. En configuration double, la version grande capacité offrirait jusqu’à 1 162 places sur un seul niveau avec un seul conducteur, ce qui permet de maximiser l’utilisation de chaque sillon, fait remarquer Talgo sur son site web.
Pour se rapprocher du Maroc, Talgo peut compter Renfe qui, d'après nos sources pourrait épauler Talgo pour participer au projet LGV Kenitra-Agadir. L’opérateur, apprend Le Desk d’une source diplomatique espagnole, « en tant qu'entreprise leader dans le secteur de la haute vitesse, examinera en détail tout appel d'offres public qui aura lieu au Maroc ». La société, ajoute notre source, a déjà commencé à prospecter les opportunités dans ce domaine, lors des réunions d’affaires Espagne-Maroc.
Une rude concurrence avec face à Talgo, fier représentant de l'étendard espagnol, des candidats comme les Français d'Alstom dont rien n'indique qu'ils ne pourraient pas rempiler pour un second marché de TGV, les paramètres pour le renforcement de cette hypothèse demeurant jusqu'à présent intimement liés à la nature des relations entretenues entre Paris et Rabat, et à leur éventuelle amélioration.
Outre la France, le péril pourrait bien venir de l'Asie : avec la Chine et la Corée du Sud qui ont chacun pu avoir droit à une partie des tronçons pour la prolongation de la LGV jusqu'à Marrakech et Agadir. China Railway Design Corporation pour la Chine, ayant raflé les études préliminaires à la réalisation de la LGV entre Marrakech et Aadir. Mais aussi Korea National Railway et le Coréen Dohna et Korea National Railway pour une partie du lot entre Kenitra et Marrakech.
Au-delà du TGV, l'Intercity en ligne de mire
Tout en lorgnant le TGV, le groupe spécialisé dans le ferroviaire a aussi dans son viseur le récent appel à manifestation d'intérêt lancé en septembre 2022 par les services de l'Office national des chemins de fer (ONCF).
À la clé, un contrat, prévu par la feuille de route Ambition 2025-2023 voulue par l'ONCF, et qui prévoit la mise en oeuvre d'un programme pluriannuel d'achat de rames automotrices. Les rames devraient être de deux types Intercity (inter-villes) et RER, avec une vitesse maximale d'exploitation de 200 km/h. Le matériel roulant que le Maroc souhaite développer dans cette unité tombe pile point dans un autre domaine d’expertise de Talgo : les rames de type Intercity (inter-villes) et de réseau express régional (RER). Le constructeur espagnol développera pour l’Allemagne les Talgo 230, des rames intercity qui seront opérées par la Deutsche Bahn.
Un projet qui viendrait constituer le futur écosystème ferroviaire que l'ONCF entend mettre en oeuvre. Il devrait d'ailleurs figure au coeur du contrat-programme à signer par l'ONCF et l'Etat. Concrètement, il s'agira de développer, dans le cadre d'un partenariat-public-privé, une usine de fabrication de rames automotrices, pouvant atteindre un taux d'intégration de 60 %.
Selon L'Informacion, le contrat porte sur un montant d'investissement fixé à près de 839 millions d'euros, soit la coquette somme de 9,1 milliards de dirhams (MMDH).
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