DroitsAffaire Raissouni: les réactions de HRW, Amnesty, CNDH et ADFM

L’ONG Human Rights Watch (HRW) a appelé à « l’abandon des plaintes et la libération immédiate » de la journaliste Hajar Raissouni. Ahmed Benchemsi, directeur de la communication et du plaidoyer au sein de la division Moyen-Orient et Afrique du Nord de HRW, a déclaré que « Hajar Rissouni est accusée pour une conduite privée, qui ne devrait absolument pas être criminalisée ».
« L'arrestation, les poursuites et les violations violentes de la vie privée de Hajar Raissouni témoignent du manque de respect du pays pour les libertés individuelles et de ce qui apparaît comme une application sélective de lois (qui sont déjà injustes) pour punir la presse critique. Il faut donc libérer Hajar et les autres détenus et abandonner les poursuites », a ainsi déclaré l’organisation par voie de communiqué.
L’ONG de défense des droits de l’homme rappelle que la journaliste appartient à un journal « critique » et qu’elle est issue « d’une famille d’opposants connue ».
En outre, Amnesty International a appelé les autorités marocaines à « libérer immédiatement et abandonner toutes les charges qui pèsent contre la journaliste ». « L'arrestation de Hajar Raissouni et de quatre autres personnes constitue une injustice flagrante. Ces allégations constituent une violation flagrante de sa vie privée », a déclaré Heba Morayef, directrice régionale d'Amnesty International pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord. « Cette affaire est un rappel cruel de la nécessité urgente d'abroger les lois marocaines qui criminalisent les relations sexuelles extraconjugales et l'avortemen t », a-t-elle déclaré dans son communiqué.
Le Conseil national des droits de l’Homme (CNDH) dit pour sa part dans son communiqué « suivre le débat sur les libertés individuelles et la question de l’interruption volontaire de la grossesse qu’a pu susciter (…) l’arrestation de Hajar Raissouni ».
« Le Conseil a pris connaissance des réflexions et positions de l’opinion publique concernant la question des libertés individuelles et de la vie privée et condamne, par la même occasion, les attaques et insultes, de nature discriminatoire, proférées par certains contre la personne concernée », ajoute l’instance dans un communiqué.
Le CNDH informe l’opinion publique qu’il présentera, au cours des jours à venir, ses recommandations d’amendement du Code pénal, en cours de discussion au sein de la commission de la législation et des droits de l’Homme de la Chambre des représentants et dit en « espérant que la mise en liberté de Hajar Raissouni et de Refaat Amin pourra se faire de manière prompte », s’attendre « à ce que les débats et les expressions publiques puissent constituer un tournant mettant fin à l’hésitation des acteurs politiques quant à l’harmonisation du cadre législatif de notre pays avec les dispositions de sa Constitution et les instruments internationaux ratifiés par le Maroc et l’adaptation de ce cadre avec les pratiques sociétales ».
L’Association Démocratique des Femmes du Maroc (ADFM), a déclaré avoir appris avec « stupéfaction » l’arrestation de la journaliste et des autres mis en cause dans cette affaire, juge « les déclarations et éclaircissements » émis « pour la plupart, affligeants et déconcertants dans la mesure où ils constituent une violation des droits de la personne et de la protection de la vie privée ».
Tout en exprimant sa solidarité avec l’accusée, l’ADFM « demande sa libération ainsi que celles des autres personnes arrêtées » et « considère que c’est plutôt les dispositions juridiques ayant présidé aux poursuites , qui remontent à « une époque esclavagiste révolue où les individus étaient contrôlés dans leurs mouvements et leur vie privée, qui doivent être poursuivis et condamnés ».
L’association réitère ses revendications à savoir « la garantie d’une réelle justice pénale pour les femmes », notamment par « la dépénalisation des relations sexuelles consenties entre adultes en abrogeant les articles 490 à 493 du code pénal (…) le transfert des dispositions relatives à l’Interruption Volontaire de la Grossesse (IVG) du code pénal au code de la santé (…) et une révision globale du projet de loi 10.16, modifiant et complétant le code pénal, actuellement à l'étude au Parlement, particulièrement, les dispositions relatives à l’IVG (…) ».