MarchésFlambée des prix : Le Conseil de la concurrence s’autosaisit

Le Conseil de la concurrence a partagé une note de référence ce jeudi, concernant « la flambée des prix des intrants et matières premières au niveau mondial et ses conséquences sur le fonctionnement concurrentiel des marchés nationaux », en vue d'une autosaisine pour produire un avis.
Dans un contexte de guerre entre la Russie et l'Ukraine, la flambée des prix du gaz et de pétrole n'a épargné personne. La Russie étant le premier exportateur mondial de gaz naturel, et le deuxième exportateur de pétrole brut. Ces deux pays en guerre ont représenté près de 35 % des exportations mondiales de blé en 2020. Début mars dernier, le Conseil de la concurrence avait déjà rappelé le principe de libre concurrence.
L'établissement dirigé par Ahmed Rahhou affirme avoir pour objectif d'aider à la compréhension de ce contexte économique au niveau national, en répondant à la question : « est-ce que les niveaux de ces hausses constatées sur le marché local sont tributaires uniquement des facteurs exogènes relatifs à la flambée des matières premières importées, ou seraient liées à des éléments illicites relatifs à des pratiques interdites par la loi 104-12, en l’occurrence des ententes ou des abus de position dominante ? ».
Pour ce faire, le Conseil a décidé de se baser sur trois éléments afin de sélectionner les produits concernés par l'avis : la nature des produits (de première nécessité ou pas), le degré de dépendance par rapport aux marchés internationaux (fabriqué localement ou importé) ainsi que les niveaux de hausses des prix desdits produits sur le marché local.
Le Maroc importe près de 90 % de ses besoins en énergie et environ la moitié en céréales. Selon les données du Haut-Commissariat au Plan (HCP), la variation de l’Indice des Prix à la Consommation (IPC) a atteint 3,6 % en février 2022, soit le niveau le plus élevé enregistré depuis ces dernières années. Jusque là, cette variation stagnait entre 0,2 % en 2018 et 1,4 % en 2021.
L'IPC des produits alimentaires a connu une explosion au début de l'année en cours. La moyenne habituelle dépassait rarement 1 %, alors qu'en février 2022, il avait atteint près de 5,5 %.
Le prix du blé importé a connu une croissance entre 2018 et 2021, passant de 2 288 DH/t à 3 062 DH/t en 2021. Il s'agit d'une hausse de 33,8 % en quatre ans. De même pour le mois de janvier 2022 en comparaison avec la même période en 2021, le prix du blé est passé de 2 670 DH/t à 3 238 DH/t, soit une hausse de 21,2 %.
Quant aux légumineuses, le Conseil de la concurrence décide de focaliser son analyse sur les lentilles, car le Maroc en importe à hauteur de 60 % de ses besoins. Le beurre est également concerné étant donné que la production nationale ne couvre que 30 % des besoins, le reste est importé. Le prix du beurre à l'importation est passé de 39 983 DH/t en 2021, à près de 43 258 DH/t en 2022, une hausse de 8,2 %.
Le Maroc dépend totalement des importations en ce qui concerne les produits énergétiques. Il s'agit des produits qui connaissent la plus grande augmentation des prix. Par exemple, le prix des fuels-oils a augmenté d'environ 60 % entre 2021 et 2022.
Treize produits ont donc été sélectionnés pour faire l'objet d'un avis. Il s'agit du blé, des engrais azotés, du beurre, des lentilles, du lait en poudre. Les produits énergétiques concernés sont le gasoil, l'essence, les fuel-oils et le charbon. De même pour des matériaux de construction comme la ferraille, le verre, l'aluminium et le cuivre, le Maroc peut couvrir seulement 30 à 40 % des besoins de ce secteur.