AgricultureLe lobby agricole espagnol se ligue avec le Polisario contre les produits marocains issus du Sahara

Le Coordonnateur des organisations agraires et d'élevage espagnoles (COAG) a réclamé le 18 novembre au Congrès des députés « la suspension immédiate » de l'accord commercial agricole entre l'UE et le Maroc. En ce sens, le lobby agricole espagnol veut faire avorter le délai de grâce de 12 mois prévu dans l'arrêt de la Cour de justice de l'Union européenne (CJUE), qui a prononcé l'annulation des accords commerciaux en matière d'agriculture et de pêche avec le royaume.
Lors de son intervention à une conférence organisée à la Chambre basse espagnole par le Front Polisario et plusieurs groupes qui le soutiennent, le responsable des fruits et légumes du COAG, Andrés Góngora a fustigé ce délai de grâce à compter de la publication de l'arrêt de justice, le 4 octobre dernier.
Góngora a déclaré que « les agriculteurs européens n'ont pas eu ce délai de grâce et nous souffrons jour après jour de la concurrence déloyale des importations dans les conditions néfastes de l'accord », tout en ajoutant que « si le tribunal a jugé que l'accord n’est pas légal, l'UE ne peut pas fermer les yeux et maintenir un accord illégal en vigueur pendant encore 12 mois, uniquement pour favoriser certaines sociétés transnationales, pendant que nous, producteurs, continuons à perdre en rentabilité et à disparaître. »
Le COAG exige que Madrid fasse pression sur l'UE pour qu'elle annule immédiatement l'accord accusant le Maroc d’user de « chantage, dans lequel le terrorisme, l'immigration et la drogue sont utilisés comme arguments pour obtenir des compensations », et fait allusion aux « effets collatéraux sur les recettes douanières et les consommateurs de l'UE », tout en épousant la thèse véhiculée par le Polisario et ses soutiens sur le supposé « pillage du territoire du Sahara occidental ».
Le lobby agricole espagnol a profité de l’occasion pour dévoiler une étude de son cru élaborée avec l’ONG Mundubat sur l’existence d’une « mégalopole de la tomate » à Dakhla, qualifiée de « l'un des plus grands centres de production de cette culture au monde, exploité par cinq grands groupes d'entreprises, dont certains appartiennent à Mohammed VI et à l'ancien ministre de l'Agriculture du Maroc ».
Et de citer le plan Generation Green qui vise à avoir 5 000 hectares de production horticole au Sahara d'ici 2030, alors qu’en Espagne, soutient l’étude « l'épicentre de la production nationale, Almería, a perdu 2 200 hectares de culture en seulement 5 ans en raison de la pression croissante des importations (+170 %) », a détaillé Góngora. Le rapport exige aussi « une action immédiate de l'UE pour corriger les informations erronées sur l'étiquetage et garantir que les produits marocains respectent les normes de transparence ».
Pour rappel, Rabat ne se considère aucunement concerné par la décision de la Cour de justice de l’Union Européenne avait affirmé Nasser Bourita, ministère des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger, soulignant que le Royaume n’a participé à aucune des phases de cette procédure. Dans ce contexte, ajoutait la même source, « le Maroc réitère sa position constante de ne souscrire à aucun accord ou instrument juridique qui ne respecte pas son intégrité territoriale et son unité nationale ».
La décision de la CJUE est « en déphasage avec la réalité » et demeure « sans impact » sur la question du Sahara et « sur sa dynamique », avait-il réitéré.
De son côté, le ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel Albares, a souligné le respect par le gouvernement de son pays de la décision de la CJUE, tout en défendant le « partenariat stratégique » avec le Maroc et la volonté de le maintenir.
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