JusticeAtteinte au roi: la condamnation de Boukioud « n’est pas liée à une activité politique », affirme son avocat

Le 24 juillet, les services de sécurité ont arrêté Saïd Boukioud, un citoyen marocain de 48 ans résidant au Qatar, alors qu’il rentrait au pays en compagnie de sa famille. Raison de son arrestation : une publication sur Facebook qui remonte à 2020, et où il critiquait le rétablissement des relations diplomatiques le Maroc et Israël.
Quelques jours plus tard, le 31 juillet, Boukioud a été condamné par le tribunal correctionnel de Casablanca à cinq ans de prison ferme et à une amende de 40 000 dirhams pour « atteinte au régime monarchique ».
Un jugement « très sévère », indique au Desk l’avocat de Boukioud, El Hassan Essouni. Tout en admettant que son client a dénoncé la normalisation des relations avec l’État hébreu « d'une manière qui pourrait être interprétée comme une critique visant le roi », l’avocat insiste que Boukioud « n'avait jamais l'intention de porter atteinte au régime monarchique ». Un propos qu’a clamé d’ailleurs son client tout au long de l’interrogation, ainsi que devant le tribunal, ajoute-t-il.
Essouni regrette ainsi que son client n’ait pas jouit de circonstances atténuantes, d’autant plus que Boukioud « n’a pas de casier judiciaire » et « n’exerce aucune activité illicite ». L’avocat fait part au Desk d’un autre grief : le jugement « n’a pas tenu compte de la situation familiale et sociale », ni des conditions « difficiles » de Boukioud.
Qui plus est, affirme Essouni, Said Boukioud « n'est pas un blogueur au sens courant du terme ». Les faits, rappelle Essouni, remontent à l'année 2020, lorsque le prévenu, a critiqué sur Facebook le rapprochement entre Rabat et Tel Aviv. Des publications qu’il a aussitôt supprimées, avant de désactiver son compte après avoir pris connaissance de l’enquête ouverte à son encontre au Maroc, ajoute cet interlocuteur.
Pourtant, vu la nature des accusations, la défense, indique l’avocat, avait demandé à ce que son client soit poursuivi en vertu de la loi relative à la presse et à l’édition. Une requête qui a été rejetée par le tribunal qui a décidé de poursuivre le prévenu en vertu du code pénal.
Il est à souligner que l’article 267-5 du code pénal punit de six mois à deux ans de prison ferme « quiconque porte atteinte au régime monarchique ». Mais la peine est susceptible d’être portée à cinq ans d’emprisonnement si l’infraction est commise en public, « y compris par voie électronique », ce qui fut d’ailleurs le cas pour Boukioud.
Cet avocat souligne que ni l'acte d'accusation ni le procès n’ont évoqué un élément liant la poursuite et la condamnation de son client à une quelconque appartenance ou activité politique. Boukioud est « un citoyen ordinaire, pas un activiste ou un blogueur au sens courant du terme », réitère-t-il.