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Libertés individuelles
Laftit dément l’interdiction aux femmes marocaines de séjourner dans un hôtel de leur ville

23.09.2022 à 14 H 11 • Mis à jour le 23.09.2022 à 14 H 21 • Temps de lecture : 2 minutes
Par Salma Hamri

Abdelouafi Laftit a répondu à une question parlementaire écrite de Moulay El Mehdi Al Fathemy, député du groupe socialiste de l'Union socialiste des forces populaires (USFP), concernant l’interdiction des femmes marocaines de séjourner dans un hôtel de leur ville de résidence, a constaté le Desk à la lecture de la réponse faite par le ministre de l'Intérieur à travers une correspondance datée du 7 septembre.


« Ce ministère n’a jamais émis une instruction du genre pour les hôteliers », a répondu Laftit, ajoutant que les investigations faites par ses services n'ont pas abouti à constater cet état de fait et qu’aucune plainte n’a été enregistrée dans ce sens. Pourtant, plusieurs témoignages de femmes marocaines sur les réseaux sociaux et à travers la presse confirment cette interdiction et révèlent que les hôteliers justifient leur refus en invoquant tantôt la loi, tantôt une circulaire de l'Intérieur datant de plusieurs années, voire des instructions verbales émanant des autorités.


Dans la pratique, une femme peut ainsi se voir refuser l’accès à un hôtel de sa ville ou localité de résidence si elle n’est pas accompagnée de son mari, de son frère ou de son père. De ce fait, la question du député n'étant pas précise, n'évoquant pas cette condition, a manifestement offert au département de Laftit de botter en touche.


Pourtant, selon l’article 19 de la Constitution, « l’homme et la femme jouissent, à égalité, des droits et libertés à caractère civil, politique, économique, social, culturel et environnemental ».


L’article 431-1 du code pénal en précise la portée puisqu’il punit d’un mois à deux ans d’emprisonnement et d’une amende pouvant atteindre 50 000 dirhams (4 800 euros) toute discrimination « lorsqu’elle consiste à refuser la fourniture d’un bien ou d’un service ».


Les hôteliers font ainsi de l’excès de zèle pour éviter les problèmes craignant des remontrances de la police avec qui ils sont souvent en cheville pour appliquer ces mesures discriminatoires alors que la loi ne les y oblige pas. Ils se réfèrent ainsi sans l'avouer au dispositif textuel criminalisant la femme par le biais des articles du Code pénal instaurant des interdits dit de 'moralité' sur le sexe hors mariage ou l'adultère. 


Toujours est-il que ce n'est pas la première fois qu'un ministre de l'intérieur dément cette interdiction qui ne trouve son fondement dans aucun texte de loi. En 2014, l'ex-ministre de l'Intérieur Mohamed Hassad avait juré n'avoir émis aucune consigne qui pousse les hôteliers à refuser à une femme marocaine de séjourner dans un hôtel de sa ville et ce dans n'importe quel cas de figure.


En 2021, le collectif 490 (Moroccan Outlaws) avait relancé le débat, dénonçant cette pratique « complètement irrationnelle, abusive et anticonstitutionnelle ». Il a par ailleurs invité la société civile et les politiques à s'interroger sur le sort des femmes victimes de violences conjugales désireuses de prendre une chambre d'hôtel pour fuir un mari violent.

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