n°420.Bouteflika propose aux Algériens une « transition » gérée par le pouvoir
Les Algériens ont enfin eu leur « je vous ai compris ». Bouteflika a annoncé ce dimanche 3 mars le report de l’élection présidentielle initialement prévue le 18 avril et son renoncement à briguer un cinquième mandat, dont le rejet a été massivement exprimé par le peuple à travers des marches historiques inédites.
Dans son message rendu public en fin de journée, le président a aussi annoncé l’ouverture « sans délai indu » du chantier de réformes. Ces décisions font suite à la forte mobilisation populaire et Bouteflika reconnait presque implicitement avoir cédé à la pression soutenue de la rue.
Cortège de klaxons à Alger centre après l’annonce de la non- candidature du président Bouteflika #Alger #Algérie pic.twitter.com/SgVOVk9zJC
&mdash Zahra Rahmouni (@ZahraaRhm) March 11, 2019
« L’Algérie traverse une étape sensible de son Histoire. Ce 8 mars, pour le troisième vendredi consécutif, d’importantes marches populaires ont eu lieu à travers le pays. J’ai suivi ces développements et, comme je vous l’ai déjà annoncé le 3 de ce mois, je comprends les motivations des nombreux compatriotes qui ont choisi ce mode d’expression dont je tiens, une fois de plus, à saluer le caractère pacifique », lit-on en préambule du texte.
Quand un peuple se lève #Bouteflika #Algérie pic.twitter.com/UIrvWW9fod
&mdash Chris Waddle forever (@Sylvainft) March 11, 2019
Le président Bouteflika propose une version accélérée du processus proposé sans succès il y une semaine. Le 3 mars il avait sans succès tenté de calmer les manifestants en annonçant l’organisation d’élections présidentielles anticipées s’il est réélu et l’ouverture d’un vaste chantier de réformes. La rue a unanimement rejeté ces propositions et, cinq jours plus tard, le 8, des millions de citoyens ont manifesté à Alger et dans toutes les villes du pays. Ce dimanche 10 mars, soit au lendemain de son retour au pays après deux semaines d’hospitalisation en Suisse, Bouteflika cède et annonce clairement qu’il ne briguera pas un cinquième mandat.
Une transition menée par ce nouveau premier ministre et son second c'est comme une prolongation du 4ème mandat, ou l'année demandé lors d'un 5ème mandat.
Et bien... Rendez-vous vendredi prochain.#Algérie#ترحلوا_يعني_ترحلوا #حراك_15_مارس
&mdash Zo' (@riehoZ) March 11, 2019
« Il n’y aura pas de cinquième mandat et il n’en a jamais été question pour moi, mon état de santé et mon âge ne m’assignant comme ultime devoir envers le peuple algérien que la contribution à l’assise des fondations d’une nouvelle République en tant que cadre du nouveau système algérien que nous appelons de tous nos vœux », dit-il.
Putsh de l’armée ? Ou renonciation réelle ?
&mdash Abdel Fares (@AbdelFares4) March 11, 2019
Parallèlement, un nouveau Premier ministre a été désigné. Nouredeine Bedoui replace Ouyahia, dans ce qui s’apparente à une autre concession faite à la rue. Aussi le poste de vice-premier ministre est créé par décret et sera occupé par Ramtane Lamara, qui aura aussi la charge des Affaires étrangères. C’est ce gouvernement, dirigé par des hommes proches de la présidence, qui sera chargé de gérer la transition annoncée.
Algérie : le ministre de l'Intérieur Bedoui remplace Ouyahia comme Premier ministre, selon l'agence officielle APS #AFP pic.twitter.com/ZzCsJ6ZFTh
&mdash Agence France-Presse (@afpfr) March 11, 2019
Ce sont là les principales annonces faites par la présidence de la République en cette fin de journée. Mais il subsiste beaucoup de zones d’ombres dans le texte présidentiel. A la fin du message, il est clairement indiqué que le président restera jusqu’à l’élection de son successeur. « Je m’engage enfin, si Dieu m’accorde vie et assistance, à remettre les charges et les prérogatives de Président de la République au successeur que le peuple algérien aura librement élu. ».
Dessin de Dilem... Sacré Dilem !#Bouteflika renonce à un 5ème mandat de 5 ans :
"À la place, je ferai un 4ème mandat de 10 ans !"
? ? #Algérie #Algeria #Algerie #NonAu5emeMandat #non_au_5eme_mandat pic.twitter.com/KVc2cIVAZv
&mdash Mohamed Kaci (@MKACITV5M) March 11, 2019
Ce qui signifie qu’il restera en poste au-delà du 18 avril, sans préciser sur quelle base juridique la décision a été prise puisque la constitution ne prévoit pas la prolongation de mandat. Ce qui ressemblerait à la proposition faite en décembre dernier par certains partis de l’Alliance présidentielle, soit le report de l’élection et la prolongation du mandat actuel du président. En résumé, le pouvoir cède sur le 5e mandat mais garde la main sur la gestion de la transition.
L’idée fut rejetée unanimement par l’opposition. Qu’en pensera-t-elle maintenant ? Et surtout, que pensera la rue maintenant que Bouteflika propose une transition gérée par le pouvoir ?
©️ Copyright Pulse Media. Tous droits réservés.
Reproduction et diffusions interdites (photocopies, intranet, web, messageries, newsletters, outils de veille) sans autorisation écrite.