n°1000.La « partition » du Sahara, évoquée aux parties, mais pas formellement soumise par De Mistura
Farhan Haq, porte-parole adjoint de l’ONU, a apporté ce vendredi des éclaircissements supplémentaires sur les déclarations à huis-clos de l’Envoyé spécial pour le Sahara, Staffan de Mistura, lors de sa présentation mercredi dernier aux membres du Conseil de sécurité.
Pour rappel, Staffan de Mistura avait suscité la polémique, en réhabilitant le concept de « quatrième voie » pour la résolution du conflit, jusqu'ici écartée et oubliée : celle d'une partition du territoire du Sahara entre le Maroc et le Polisario, avec la création d'un nouvel Etat indépendant dans la région de Dakhla-Oued Eddahab selon une ligne de démarcation reprenant celle convenue entre l’Espagne, le Maroc et la Mauritanie dans le cadre des Accords de Madrid de 1975. En clair, le Polisario pourrait être, selon cette vision, récipiendaire de la portion attribuée à la Mauritanie entre 1976 et 1979 et correspondant à l’ancienne région coloniale espagnole dénommée Rio de Oro qui va de la lagune de Dakhla à la péninsule de Lagouira.
Un « concept revisité et élargi »
Plus précisément, De Mistura avait déclaré dans son briefing dont Le Desk avait révélé en primeur le transcript, ce qui suit : « Je dois vous informer que j'ai discrètement revisité et élargi avec toutes les parties concernées le concept de partition du territoire, déjà évoqué par mon prédécesseur James Baker, il y a plus de 20 ans ».
Du côté de l'ONU, le porte-parole adjoint a tenu à souligner qu'il ne s'agissait pas d’une proposition formelle. « Je ne qualifierais cette soumission d’une proposition. Ce que je dirais, c’est que l’envoyé personnel, Staffan de Mistura, a essentiellement informé le Conseil de sécurité de son travail sur le dossier du Sahara occidental, et il a hâte de s’engager avec toutes les parties concernées pour faire avancer le processus de manière constructive dans la période précédant les prochaines consultations à huis clos, qui devraient avoir lieu en avril prochain, en 2025, et de rendre compte de tout progrès », a-t-il indiqué lors de son briefing à la presse le 18 octobre. Le porte-parole adjoint du secrétaire général de l’ONU a ajouté : « la question est donc de voir ce que les membres du Conseil et les parties elles-mêmes veulent adopter comme voie à suivre pour le Sahara occidental ».
Pas de proposition formelle
Des déclarations par ailleurs reprises dans le fil confidentiel de l’agence de presse MAP, à accès restreint. Signe de la volonté de Rabat de vouloir apporter une nuance jugée importante aux propos du diplomate onusien, si ce n’est insister sur le fait qu’il n’y a pas eu de proposition formelle adressée aux parties dont le secrétaire général de l’ONU aurait pu être informé selon les canons des démarches diplomatiques communément admises.
Autrement dit, le Royaume qui a toujours rejeté cette éventuelle option, ne souhaite pas que la « quatrième voie » écartée d’emblée du temps de James Baker, puisse constituer à partir d’une simple évocation aux parties, un sujet de discussion, d’autant que la réalité militaire et économique sur le terrain, tout comme ses victoires diplomatiques auprès des grandes puissances, ont largement donné l’avantage à son Plan d’autonomie du Sahara sous souveraineté marocaine datant de 2007. Un plan qui est devenu au fil des résolutions adoptées par le Conseil de sécurité, la base la plus viable et la plus crédible aux yeux de la communauté internationale.
Reste cependant, et c’est le point critique du briefing de De Mistura à l’ONU, que ce plan devra être davantage explicité par Rabat dans la perspective des prochaines échéances onusiennes, l’Envoyé spécial ayant rappelé la date d’avril 2025 pour retrouver le chemin des négociations politiques sur une base plus élaborée et plus convaincante de la proposition marocaine. Au-delà, et sans avancée notoire sur le dossier, De Mistura laisse entendre qu’il rendra le tablier.
©️ Copyright Pulse Media. Tous droits réservés.
Reproduction et diffusions interdites (photocopies, intranet, web, messageries, newsletters, outils de veille) sans autorisation écrite.