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GabonLe Maroc demeure silencieux face à la victoire étriquée d’Ali Bongo

01.09.2016 à 01 H 42 • Mis à jour le 01.09.2016 à 03 H 37 • Temps de lecture : 7 minutes
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Le Gabon est entré en crise après la proclamation des résultats officiels de l'élection présidentielle, mercredi 31 août. Ils donnent, de peu, la victoire au président sortant Ali Bongo devant son rival Jean Ping. Ce dernier conteste les résultats, et ses partisans se sont opposés aux forces de l'ordre dans la capitale Libreville.

Après quatre jours d’une longue attente, le ministre de l’intérieur gabonais a annoncé, mercredi 31 août, que le président sortant Ali Bongo Ondimba, 57 ans, qui briguait un nouveau septennat, avait remporté l’élection présidentielle face à Jean Ping, 73 ans, ancien président de la Commission de l’Union africaine et ancien ministre des affaires étrangères. Selon des résultats officiels provisoires, Bongo a obtenu 49,80 % des voix contre 48,23 % à son adversaire, Ping, lors de l’unique tour du scrutin.


Dans la province du Haut-Ogoué, berceau de la famille Bongo au pouvoir depuis 1967, les résultats officielles donnent un taux de participation de 99,93 %, et 95 % des voix au président sortant, faisant basculer l'élection en sa faveur.


L’opposition a aussitôt rejeté les résultats et réclamé un nouveau décompte dans la province du Haut-Ogooué, où a été signalé un taux de participation frisant les 100 %, a expliqué une porte-parole de Jean Ping. « Les Gabonais n’accepteront pas ces chiffres », a ajouté un porte-parole du candidat.


Au lendemain de cette élection, les deux candidats, avaient déclaré l’un et l’autre, dimanche 28 août, qu’ils avaient remporté haut la main le scrutin.


Les partisans du candidat Ping dans la rue

Les partisans de Jean Ping, qui n'a pas reconnu sa défaite, sont descendus par milliers dans les rues à l'annonce des résultats. Sur Twitter, Jean Ping a affirmé que la garde présidentielle avait « reçu l'ordre de tirer sur les populations ».



Plusieurs foyers de tension se sont déclarés en ville. « Des manifestations ont été dispersées à coups de gaz lacrymogènes, de grenades assourdissantes et de jets d’eau, a constaté le correspondant du Monde. Il y a eu des blessés. Près du rond-point de la Démocratie, des groupes de jeunes ont aussi tenté de barrer les rues. Des hélicoptères patrouillent dans le ciel. » Les forces de l’ordre ont aussi repoussé des manifestants, criant « Ali doit partir », qui tentaient de s’approcher du siège de la commission électorale (Cénap).


Des manifestants pro-Ping sont immédiatement descendus dans la rue pour contester les résultats du scrutin donnant Bongo vainqueur. MARCO LONGARI/ AFP


Dans la soirée, l’Assemblée nationale a été partiellement incendiée par des manifestants. Un panache de fumée rouge et noir se dégageait dans la nuit au-dessus du palais Léon-Mba, selon des journalistes de l’AFP. La ville restait sous très haute tension : check points, grands axes coupés sur le front de mer, véhicules blindés aux carrefours, commerces fermés depuis mardi midi, grande majorité des habitants cloîtrés chez eux. Des colonnes de fumée s’échappaient de plusieurs quartiers populaires. L’ambassade de France a appelé ses ressortissants à éviter tout déplacement jusqu’à nouvel ordre.



Au même moment, le président réélu s’est félicité de cette élection « exemplaire », estimant qu’elle s’était passée « dans la paix et la transparence ».



Paris demande la publication des résultats

Après cette annonce contestée, la France a demandé la publication des résultats de tous les bureaux de vote du Gabon. Selon le ministre français des affaires étrangères, Jean-Marc Ayrault : « Les conditions de l’annonce des résultats de l’élection présidentielle au Gabon sont une source de préoccupation. La France réitère son souci de transparence. Nous estimons nécessaire que les résultats de tous les bureaux de vote soient publiés. »



Avant même la proclamation de ces résultats, la responsable de la diplomatie de l’Union européenne (UE), Federica Mogherini, avait appelé, mercredi, la commission électorale à publier « des résultats par bureau de vote », et non au niveau des neuf provinces ou au niveau national. Une requête rejetée par le président de la Cénap, qui a invoqué la loi gabonaise. L’UE a également demandé aux protagonistes de maintenir le calme dans le pays.


Un supporter de Jean Ping blessé durant les affrontements avec les forces de l'ordre le 31 août 2016, quelques instants après l'annonce de la victoire d'Ali Bongo. MARCO LONGARI /AFP


« Refléter la volonté du peuple »

Washington a également exprimé sa vive inquiétude. « Les élections doivent refléter de manière crédible la volonté du peuple », a souligné le porte-parole du département d’Etat, John Kirby, appelant les forces de sécurité à respecter les droits des citoyens et les manifestants à garder le calme.


« Nous appelons le gouvernement gabonais à publier les résultats de chaque bureau de vote », a-t-il ajouté. « Cela aidera le peuple du Gabon, de même que la communauté internationale, à avoir confiance dans le fait que le décompte des votes annoncé est bien juste », a encore noté Kirby. « Quiconque veut contester les résultats doit le faire de manière pacifique et en respectant le système légal gabonais ».

 

Rejoignant les avis de Paris et Washington, sur Twitter, l'opposant malheureux d'Ali Bongo, Jean Ping a appelé la communauté internationale à « vite réagir ».


Plus tard dans la nuit, dans une seconde déclaration toujours publiée sur Twitter, il demandait « solennellement à la Cénap de procéder au comptage des résultats bureau de vote par bureau de vote ».



Rabat n’a pas encore réagi aux résultats annoncés

A Rabat, les officiels n’ont fait aucun commentaire sur le résultat du scrutin. Ami de toujours du clan Bongo depuis l’avènement de la dynastie par Omar Bongo, un des indéfectibles alliés politiques de Hassan II en Afrique de l’Ouest, le Maroc s’est encore à l’heure actuel gardé de féliciter le gagnant désigné.


Mohammed VI recevant Ali Bongo lors d'une visite officielle du président gabonais au Maroc. AIC PRESS


En juillet dernier, Ali Bongo avait lu au nom du groupe des 28 pays africains la motion présentée par le Maroc pour requérir le gel de la RASD de l'Union africaine. Un fait rappelé sur les réseaux sociaux par ses opposants qui propageaient encore dans la nuit de mercredi à jeudi sa possibilité d'exil vers le Maroc.


L’agence officielle MAP a cependant relayé les propos d’Ali Bongo Ondimba, qui a affirmé que sa victoire « oblige chacun au respect du verdict des urnes et des institutions’ », sans faire état des tensions que vit le pays, ni du point de vue de la partie adverse.


La MAP a souligné les propos d’Ali Bongo qui a tenu à féliciter ses compétiteurs dans cette élection qui fut « très disputée, forte et démocratique », déplorant toutefois des « dérives multiples » pendant et après la campagne et des « tentatives de déstabilisation » du système électoral et démocratique gabonais, « que nous avons pu déjouer en partie », a-t-il dit. « Nous resterons vigilants sur ces affaires et nous ferons en sorte que les Gabonais prennent connaissance de toute la vérité dans l’intérêt de tous », a-t-il ajouté.



Revenant sur son nouveau mandat, il a souligné que « nous vivons un moment où le changement est demandé, un moment où nous devons être plus solidaires et plus forts ensemble ». « Oui, je l’ai bien entendu : le changement est attendu. Et je vais travailler avec tous les Gabonais, de tous horizons, pour réaliser ces changements », a-t-il promis.


À ceux qui ont porté leur voix sur d’autres projets, il les a rassurés qu’ils auront toute leur place dans le débat démocratique et la construction des changements à venir, a insisté la MAP rappelant que Ali Bongo a souligné qu’après le temps de la compétition, doit s’ouvrir le temps de l’apaisement et du rassemblement afin de continuer à « bâtir ensemble notre pays dans l’unité ».


Avec Agences

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