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AmériquesPillages, insécurité, le Venezuela sombre dans le chaos

17.01.2018 à 18 H 03 • Mis à jour le 17.01.2018 à 18 H 03 • Temps de lecture : 3 minutes
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Magasins d'alimentation dévalisés, commerçants terrorisés, milices de quartier armées de fusils et de machettes face aux pillards: le Venezuela sombre dans le chaos

Les troubles ont gagné en intensité ces dernières semaines dans le pays, qui subit une cinquième année consécutive de récession et la plus forte inflation au monde, 2 600 % en 2017 selon l'Assemblée nationale, contrôlée par l'opposition.


Avec pourtant dans son sous-sol les plus importantes réserves d'hydrocarbures au monde, le Venezuela, un pays de 30 millions d'habitants, peine à nourrir sa population.


Le marasme économique se traduit par des pénuries alimentaires et de biens de première nécessité, des brosses à dents au papier hygiénique en passant par les médicaments.


Dans certaines zones du pays, la population n'en peut plus. Depuis Noël, pas un jour ne passe sans que la presse fasse état de pillages de supermarchés ou de camions et de troubles à l'ordre public liés aux difficultés économiques.


Des violences qui auraient fait au moins sept morts. L'incident le plus spectaculaire a vu une dizaine de personnes envahir un pâturage dans l'Etat de Merida (ouest) jeudi dernier et y massacrer le bétail.


Selon un élu local, Carlos Paparoni, environ 300 bovins ont été tués. Une vidéo devenue virale sur les réseaux sociaux montre une partie de la scène et on entend la personne qui filme dire : « Ils chassent, les gens ont faim ! »


Actes de sabotage

Le président Nicolas Maduro accuse l'opposition, qu'il dit manipulée par les Etats-Unis, de saboter l'économie et juge les médias locaux et étrangers responsables de la diffusion d'une « propagande négative » sur le Venezuela.


Ses détracteurs, et bon nombre d'économistes, lui reprochent son incurie et une incapacité chronique à lutter contre la corruption, un mal il est vrai endémique dans le pays.


Le président n'a fait aucun commentaire public sur les récents troubles. Le ministère de l'Information n'a pas donné suite aux questions de Reuters.


Face aux risques de pillages, des commerçants ont décidé de ne plus compter sur les forces de l'ordre et de s'armer eux-mêmes - de fusils, de machettes, de couteaux, de bâtons.


« On a pris les choses en mains, pour se défendre », explique William Roa, président de l'association des commerçants de la petite ville de Garcia de Hevia, dans l'Etat de Tachira dont San Cristobal, à la frontière colombienne, est la capitale.


Propriétaire lui-même d'un restaurant et d'un magasin de vins et spiritueux, il estime que plus des deux tiers des commerces de la ville ont provisoirement baissé rideau.


Des vigiles ont été recrutés. « Une personne veille la nuit dans chaque magasin et on communique par WhatsApp, on se coordonne par périodes de 24 heures », dit-il.


A San Cristobal, Mery Cacua, directrice de la chaîne de supermarchés La Gran Parada, a décidé de jeter l'éponge. « On va fermer dans deux semaines. Il n'y a plus aucun espoir », dit-elle. Elle et ses frères et soeurs n'ont pas encore eu le courage d'annoncer la nouvelle à leur père de 87 ans, fondateur de l'entreprise dans les années cinquante.


Un autre « Caracazo » ?

A l'autre bout du pays, dans l'ancienne ville industrielle de Ciudad Guayana, sur l'Orénoque, même situation. De nombreux commerces sont fermés depuis de récents pillages.


Les ordures non ramassées jonchent les rues. Peu de voitures circulent. Seuls des bus bondés parcourent la ville, chargés de passagers à la recherche d'un magasin encore ouvert.


Beaucoup d'habitants vivent cloîtrés chez eux. Dans la capitale, Caracas, l'inquiétude gagne.


Les résidents des quartiers les plus aisés commencent à craindre que, de manière épidémique, les troubles affectant les provinces les plus pauvres et les plus reculées du pays ne se propagent aux bidonvilles qui surplombent et entourent Caracas.


Et surgit alors le spectre du « Caracazo », en février 1989.


Les pires émeutes de l'histoire contemporaine du Venezuela firent, selon les estimations, de 300 à 3 000 morts, l'armée réprimant avec force une révolte provoquée par un plan d'austérité et la hausse des biens de première consommation.


En plein centre-ville, les propriétaires de la pâtisserie Arte Paris avouent être terrifiés.


Ils ont renforcé la devanture du magasin le mois dernier avec une lourde grille métallique. Et ne gardent désormais en stock les ingrédients de base, comme le sucre, que quelques jours.


« On a vraiment peur », confie Sebastian Fallone, l'un des propriétaires. « Je ferme le soir sans savoir ce que je retrouverai le lendemain matin. »

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