Le bloc notes de la rédaction

FICC : 8 ans de plaidoyer pour les industries culturelles, et après ?
Lorsqu’en 2017, la Fédération des Industries Culturelles et Créatives (FICC) voit le jour, les ICC au Maroc sont encore un secteur morcelé, fragile, peu structuré. Huit ans plus tard, sous la présidence de Neila Tazi, la fédération a transformé un milieu perçu comme périphérique en un acteur incontournable du développement économique et social.« À l’issue de ces huit années d'engagement, et au nom des deux vice-présidents de la FICC avec lesquels j’ai eu le privilège et le plaisir de collaborer, Feu Abdelkader Retnani et Soufiane Zanifi, ainsi que de tous les membres du bureau, je suis heureuse de partager avec vous, à travers ce document, les grandes lignes des actions menées tout au long de cette période ».
Le bilan est considérable. Avec 92 membres actifs répartis sur neuf filières, du cinéma aux arts visuels, en passant par le spectacle vivant, la musique et l’édition , la fédération a su imposer une voix collective et faire reconnaître les ICC comme un levier économique et stratégique. « Notre fédération s’est imposée comme un acteur incontournable des Industries Culturelles et Créatives (ICC) au Maroc, et nous en sommes fiers. Mobiliser n’est jamais une tâche facile, mais c’est la seule voie vers le progrès ». La structuration du secteur s’est notamment appuyée sur des partenariats stratégiques et un dialogue constant avec les pouvoirs publics.
La FICC a été l’un des moteurs de l’intégration des ICC dans les politiques publiques et a œuvré pour leur reconnaissance au sein du Nouveau Modèle de Développement, qui a confirmé leur rôle dans la transformation économique du pays. « Grâce à un plaidoyer solide, des actions concrètes et des partenariats stratégiques, la FICC contribue quotidiennement à la reconnaissance et à l’essor du secteur, en œuvrant pour sa structuration, sa professionnalisation et son intégration dans les politiques publiques ».
Deux études majeures, les défis des financements
Le travail mené en collaboration avec la Société Fiduciaire du Maroc (SFM) et la Société Financière Internationale (SFI) de la Banque Mondiale a permis d’aboutir à deux études majeures : l’une sur le cadre juridique et fiscal de l’entreprise dans le secteur des ICC, et l’autre sur l’accès au financement des industries culturelles et créatives, menée par le cabinet Bearing Point. « Pour mémoire, la convention signée entre la SFI et Tamwilcom lors des 2èmes Assises des ICC vise à soutenir le secteur à travers trois axes : une étude de marché sur l’accès au financement, un programme d’assistance technique et une offre de financement adaptée aux spécificités du secteur ».
L’impact économique du secteur est désormais reconnu, mais l’accès aux financements reste l’un des principaux défis. « Nous savons désormais, grâce aux conclusions du Nouveau Modèle de Développement, que ce secteur a un impact économique majeur et doit être reconnu comme un investissement stratégique », souligne Zakia Tahiri, vice-présidente de la filière cinéma. Malgré un rayonnement croissant du cinéma marocain à l’international et une attractivité renforcée pour les tournages étrangers, les structures de production locales peinent encore à accéder à des financements stables et adaptés. « Il y a encore beaucoup de travail à faire pour créer des conditions optimales qui permettent aux talents d’émerger », insiste-t-elle. Au-delà des enjeux économiques et réglementaires, la coopération internationale a été un levier essentiel pour la FICC. « Nous avons œuvré pour intégrer les industries culturelles et créatives dans les programmes de coopération avec l’Union européenne ». L’un des résultats concrets de ce travail est le contrat-programme avec la Délégation de l’Union Européenne, qui s’étend sur quatre années et vise à renforcer l’entrepreneuriat culturel tout en améliorant l’environnement législatif du secteur.
D’autres partenariats internationaux ont été consolidés, notamment avec Wallonie-Bruxelles International et la Fondation Hiba. La Coupe du Monde 2030, qui verra le Maroc co-organiser la compétition avec l’Espagne et le Portugal, est une occasion unique de mettre la culture au centre du projet national. « Parmi ces perspectives, notons le rendez-vous de la Coupe du Monde 2030, une opportunité qui favorisera un environnement propice à l’innovation et aux investissements dans le secteur culturel ». Cet événement mondial pourrait devenir un moteur d’investissement pour les ICC marocaines, mais cela nécessitera un cadre d’accompagnement clair pour les acteurs du secteur.
Malgré un bilan solide, la FICC laisse à son successeur une feuille de route exigeante. « Le chemin parcouru est significatif, mais le travail reste à poursuivre. Dans un contexte marqué par la digitalisation, l’intelligence artificielle et l’évolution rapide des modèles économiques, les ICC doivent continuer à s’adapter et se réinventer ». La question n’est plus de prouver l’importance des industries culturelles, mais bien de leur donner les moyens de rivaliser avec les grandes industries créatives internationales.
Si elle quitte la présidence, Neila Tazi ne se désengage pas. « Je suis honorée d’avoir pu m’investir dans ces projets passionnants et je continuerai de me mobiliser aux côtés de la prochaine équipe, de nos confrères et partenaires convaincus de l’importance croissante et de la légitimité du secteur des ICC à l’échelle mondiale ». Une prochaine équipe composée de Fihr Kettani, fondateur du Studio des Arts Vivants et de La Galerie 38, et Younès Boumehdi, président de Hit Radio et de la Fondation Hiba, deux figures engagées qui prennent la relève. La fédération entre ainsi dans une nouvelle phase où il s’agira de consolider les acquis et d’amplifier les efforts en faveur des ICC, à l’aube des grands chantiers à venir...
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