Le bloc notes de la rédaction

La découverte au Maroc d’un mosasaure remise en cause par des scientifiques canadiens
En 2021, une nouvelle espèce de mosasaure avait été découverte dans la province de Khourigba, par une équipe dirigée par Nicholas R. Longrich de l’université de Bath, en Angleterre. Ce mosasaure, dénommé Xenodens calminechari, avait été découvert dans les mines de phosphates du Maastrichtien supérieur marocain.
Les mosasaures sont des lézards marins ayant vécu pendant l’âge du Crétacé supérieur, il y a plus de 66 millions d’années. Celui-ci découvert en 2021 présentait alors « des spécialisations dentaires différentes de celles de tout reptile connu », rapportaient les chercheurs. « Les dents forment une batterie dentaire unique dans laquelle des dents courtes, comprimées latéralement et crochues formaient une lame en forme de scie ».
La dentition du Xenodens rappelait aux scientifiques l’implantation et la structure des Carinodens durophages, dont un nouveau spécimen vient d’être découvert au Maroc, par la même équipe menée par Longrich.
Une nouvelle espèce déterminée par sa dentition
En 2021, le taxon de la nouvelle espèce de mosasaure avait été définie grâce à un os de la mâchoire gauche et plusieurs dents. Ce fossile holotype – spécimen permettant de représenter une nouvelle espèce - est aujourd’hui remis en cause par le professeur Henry Sharpe et son équipe de chercheurs de l’université d’Alberta, au Canada.
Publié le 16 décembre dernier, l’article de Sharpe indique que « cet holotype a été obtenu de manière non scientifique (sans supervision technique) dans une région du Maroc qui fournit de nombreux spécimens manipulés ou falsifiés », affirmant que ce fossile serait le produit d’une contrefaçon. Les chercheurs canadiens ajoutent que le Xenodens calminechari est un nomen dubium, c’est-à-dire qu’il est impossible de déterminer si ce spécimen appartient à un groupe ou non.
Selon Michael Caldwell, co-auteur de l’article de Sharpe, s’adressant au média scientifique Live Science, « deux des dents serrées du mosasaure sont placées dans une alvéole dentaire. Cette situation est en contradiction avec celle de toutes les autres espèces de mosasaures connues, chez lesquelles chaque dent possède sa propre alvéole » précise-t-il, ajoutant qu’il ne devrait y avoir qu’une dent par alvéole.

L’équipe de Sharpe suppose alors qu’il y ait un « possible matériau adhésif » et que la superposition d’un tissu sur deux dents est inhabituelle, qu’il pourrait alors s’agir d’un faux matériau. L’idéal serait ainsi d’effectuer des tests de tomodensitométrie, un examen d’imagerie avec des rayons X pour vérifier l’authenticité du fossile.
Des suspicions de contrefaçon
Les chercheurs canadiens soulignent également que le fossile n’a pas été fouillé par des paléontologues, et qu’il a été découvert dans une zone connue pour ses faux fossiles, issus de la contrefaçon. Ils ont également expliqué que la prise de contact avec le paléontologue Longrich afin de déterminer l’authenticité de l’holotype, s’est avérée compliquée.
L’équipe de Sharp pointe deux problèmes récurrents pour cette erreur scientifique : « du matériel provenant de fouilles commerciales qui n'a pas été correctement testé pour la falsification, et des taxons nommés à partir d'holotypes basés sur des dents qui ignorent le potentiel de variation dentaire intraspécifique et de convergence interspécifique des caractères dentaires, comme c'est le cas chez les squamates », les mosasaures étant un genre de fossiles de grands squamates marins.
Pour rappel, début 2024, l’équipe de Longrich avait découvert une autre espèce de mosasaure, le Khinjaria acuta, découvert dans une mine de phosphate au sud-est de Casablanca. L’étude annonçant la découverte de ce nouveau spécimen se basait sur un crâne ainsi que d’autres petites parties du squelette.
Plus tôt en 2022, les paléontologues découvraient un autre énorme mosasaure, baptisé Thalassotitan atrox. Ce mégaprédateur marin prospérait il y a 67 millions d'années et mesurait près de 12 mètres de long.
Autre que les espèces de mosasaures, les équipes de Longrich ont également découvert de nombreux autres fossiles. En 2023, deux nouvelles espèces d'abélisaures ont été découvertes au Maroc, à Sidi Daoui, près de Casablanca, illustrant la diversité des dinosaures dans la région à la fin du Crétacé. Considérés « cousins primitifs du T-Rex », les abélisaures sont des dinosaures carnivores qui étaient les homologues des tyrannosaures de l'hémisphère nord.
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