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Séisme d’Al Haouz : la faille Tizi N’Test reconnue responsable, une réaction en chaîne redoutée
Longtemps suspecte, la faille géologique de Tizi N’Test est désormais déclarée coupable du séisme d’Al Haouz, qui a meurtri la région et frappé quasiment l’ensemble du royaume le 8 septembre 2023. C’est l’une des conclusions d’une étude collective signée par une équipe de géologues internationaux, publiée sur la plateforme scientifique ScienceDirect le 6 mars dernier.
La recherche, intitulée « Répartition des contraintes et interaction des failles lors du séisme d'Al-Haouz de 2023 » et menée à l’aide de technologies de pointes, cherche à expliquer encore plus précisément le déroulé et les raisons de la catastrophe. L'étude vient en premier lieu confirmer que l’épicentre de la secousse a bien eu lieu dans la commune de Tizi N'Test, dans la province de Taroudant, à 140 kilomètres au sud-ouest de Marrakech.
La secousse a été déclenchée par le mouvement de la faille de Tizi N'Test, qui « regroupe l’ensemble des failles s’étendant à travers la partie occidentale du Haut Atlas selon une direction N50 à N90, sur presque 350 km depuis Agadir à l’ouest, jusqu’à la région de Zaouiat Ahençal à l’est » selon la délimitation de l’Institut Scientifique de Rabat.

La récente étude s’attarde également sur la profondeur de l’épicentre, facteur décisif dans les dégâts occasionnés par les séismes. Si les premières estimations ont fait état de 30 kilomètres sous la terre, elles sont dorénavant revues à la hausse : « une nouvelle relocalisation de la secousse principale confirme la profondeur de la secousse principale à environ 28 km ».
Une donnée qui explique que le tremblement de terre, avec une magnitude de 6.8 sur l’échelle de Richter, avait bien le profil d’une catastrophe meurtrière. L’équipe de scientifiques publie donc des données plus précises, grâce notamment à l’utilisation de nouvelles technologies inédites dans le cas du séisme d’Al Haouz.
Parmi elles, l'analyse DInSAR (Interférométrie Radar à Synthèse d'Ouverture Différentielle), une technique mesurant le mouvement du sol depuis l'espace, mais aussi la méthode du Déplacement Élastique Triangulaire (TDE), « une modélisation qui simule le comportement des failles à partir de données géologiques et de schémas sismiques ». A ce sujet, l’étude apporte une nouveauté potentiellement inquiétante : « nous avons également acquis de nouvelles connaissances sur la possible réactivation des failles en profondeur ». En clair, le mouvement de Tizi N’Test de septembre 2023 pourrait déclencher une réaction en chaine : « la modélisation permet de simuler le glissement sur une faille suite au glissement induit sur une autre, mettant en évidence les interactions potentielles et le transfert de contraintes entre les failles ».
En conclusion, et malgré les précisions apportées par l’étude, le sujet du séisme d’Al Haouz doit continuer à faire l’objet d’études scientifiques car, comme le rappellent les auteurs « les recherches actuelles sur le séisme d'Al-Haouz se limitent à l'identification de la faille causale, sans tenir compte des complexités géologiques de la zone épicentrale ».
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