Le bloc notes de la rédaction

Un dinosaure hadrosaure, Taleta taleta, découvert au Maroc par l’équipe de Longrich
Une nouvelle espèce de dinosaure hadrosaure a été découverte récemment au Maroc. Nicholas R. Longrich, à la tête de l’équipe scientifique et conférencier à l’Université de Bath en Angleterre, a fait part de cette identification dans une étude publiée dans la revue scientifique Gondwana Research. Cette découverte fait suite à l’étude de mâchoires fossilisées retrouvées dans des couches géologiques phosphatées datant du Maastrichtien tardif au Maroc, il y a environ 72 à 66 millions d’années.
Ce dinosaure de la sous-famille des lambéosaurinés et de la famille hadrosauridés, caractérisés par leur crête sur la tête, a été baptisé Taleta taleta par les scientifiques. L’observation de cette nouvelle espèce pourrait mettre davantage en lumière les dynamiques d’adaptation et de dispersion des dinosaures au moment des fragmentations continentales.
Dispersion des espèces lors de la fragmentation de la Pangée
Pendant le Crétacé, époque à laquelle la Pangée termine sa dislocation, des masses terrestres se sont également fragmentées, formant des « îles-continents », comme les qualifie Nicholas Longrich dans son article. Ces terres isolées ont ainsi conduit à l'évolution de faunes de dinosaures distinctes dans différentes parties du monde. La dispersion des espèces devient d’autant plus importante pendant le Crétacé supérieur, qui s’étend entre 100 et 66 millions d’années avant notre ère et qui marque la fin du Crétacé.

Les dinosaures appartenant à la famille des hadrosauridés étaient herbivores et vivaient notamment dans les actuelles Asie et Amérique du Nord. Les hadrosauridés sont aussi connus sous le nom de dinosaures « à bec de canard », en raison de la morphologie de leur tête. Dans l’hémisphère nord vivaient également des dinosaures herbivores, issus de la super-famille des cératopsiens, dont le fameux Triceratops fait partie, ainsi que les prédateurs carnivores tyrannosauridés, famille de tyrannosaures. Quant à l’hémisphère sud, il était habité par des titanosaures herbivores et des abélisauridés carnivores.
Le Crétacé supérieur a alors assisté à la dispersion de dinosaures hadrosaures en Amérique du Sud, comme le rapportaient des scientifiques chiliens en 2023, et en Afrique du Nord, comme l’a fait savoir Longrich dès 2021.
Découverte d’un troisième dinosaure hadrosaure
En 2021, Longrich et son équipe identifiaient un hadrosauridé lambéosauriné dans les phosphates du Maastrichtien supérieur du Maroc, daté entre -70 et -66 millions d’années. Baptisé Ajnabia odysseus, son signalement avait apporté la preuve de la dispersion des dinosaures à bec de canard vers le nord-ouest de l'Afrique. Un deuxième lambéosauriné, Minqaria bata, avait aussi été documenté en 2024 par la même équipe, retrouvé dans les mêmes strates. Ces deux dinosaures font partie de la même tribu, Arenysaurini, classée dans la sous-famille des lambéosaurinés. L’espèce Minqaria se différenciait de celle d’Ajnabia par la forme de ses mâchoires et de ses dents.
Taleta taleta a aussi été identifié par ses mâchoires et des dents, ce qui suggère une écologie alimentaire distincte. Ces os ont été retrouvés dans les phosphates du bassin d'Oulad Abdoun, près de la ville de Khouribga, au centre du pays. Ces couches de phosphates couvrent une période allant du Maastrichtien à l'Éocène inférieur, il y a 56 millions d’années.
L’identification de ce troisième taxon, met en évidence la diversité des lambéosaurinés Arenysaurini suggère alors une radiation adaptative induite par la dispersion, autrement dit, l’évolution d’un groupe animal vers une grande variété d’espèces, qui ont su s’adapter à leur environnement.
Une nouvelle découverte qui s'ajoute au palmarès de Nicholas Longrich et de son équipe. Cette frénésie de trouvailles parfois critiquée par ses confrères, notamment avec le cas du mésosaure Xenodens Calminechari, un lézard marin identifié en 2021 par Longrich. En janvier dernier, une équipe scientifique canadienne menée par Henry Sharpe a remis en cause la découverte, affirmant que les fossiles sur lesquels s'est basé le paléontologue britannique pourraient être des faux. Interrogé par le site d'informations scientifiques Live Science, Henry Sharpe avait fait part de son inquiétude due au fait que Nicholas Longrich n'était pas le plus enthousiaste à l'idée d'effectuer une tomodensitométrie afin de prouver l'authenticité du fossile, ni même pour échanger sur le sujet avec ses confrères canadiens.
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