PortraitQui est Ahmed Attaf, le nouveau chef de la diplomatie algérienne ?
L'Algérie compte un nouveau ministre des Affaires étrangères depuis ce 16 mars, a indiqué le porte-parole de son gouvernement. Il s'agit d'Ahmed Attaf, un vétéran de la diplomatie et qui vient remplacer Ramtane Lamamra, un autre dinosaure de la politique algérienne. Ministre de 2013 à 2017, Lamamra avait été nommé en juillet 2021, en remplacement de Sabri Boukadoum.
Le nouveau diplomate en chef de l'Algérie, Ahmed Attaf, avait déjà eu occuper ce poste durant les années 90, présentées comme la décennie noire en Algérie. Après avoir été ambassadeur pour l'Algérie en Inde, en Yougoslavie et au Royaume-Uni, il avait été nommé secrétaire d'État au ministre des affaires étrangères chargé des affaires africaines et maghrébines. En janvier 1996, comme le précise sa biographie, il avait été propulsé ministre des Affaires étrangères pour finalement quitter ce poste en 1999.
Dans des déclarations faites à la télévision algérienne en 2014, Ahmed Attaf avait rappelé avoir été à l'origine de la fermeture de la frontière algéro-marocaine, en 1994. « C’est moi qui a rédigé la note » préconisant cette fermeture, a-t-il fait savoir.
Selon ses déclarations, reprises par la presse algérienne, il a notamment déploré en 2014 l'absence d'efforts pour débloquer les relations algéro-marocaine, reconnaissant par ailleurs que les raisons ayant poussé à cette fermeture sont toujours en vigueur. Pour Attaf, « ni le problème du Sahara Occidental ni la question des frontières ne resteront indéfiniment » en suspens, appelant à lancer « des initiatives dynamiques pour régler les contentieux qui ont provoqué la fermeture des frontières ». Pour lui, « aucun algérien et aucun maghrébin n’est tranquille tant qu’il n’y a pas d’effort pour avancer » sur ces sujets.
« Ce n’est pas la fermeture de frontière en elle-même qui me préoccupe, mais l’absence d’efforts », précisait-il. Toujours à la même occasion, en 2014, Ahmed Attaf avait souligné que « tous les chefs d’Etat algériens ont inscrit comme priorité le règlement du conflit du Sahara Occidental et la coopération avec le Maroc ».
Deux ans plus tard, une autre sortie du diplomate avait aussi fait mention du Maroc. C'est le cas en 2016, lorsqu'il abordait le rôle que devait jouer l'Algérie en Afrique, critiquant ainsi la politique africaine adoptée. « L'Algérie redécouvre toujours l’Afrique par temps de crise », avait-il confié à la presse de son pays.
« Les marchés africains se sont profondément transformés. Ce sont aujourd’hui des marchés modernes et il faut pour les conquérir des produits compétitifs. Ceux qui parlent de diplomatie économique sont ceux qui n’ont rien à exporter », peut-on notamment lire de la part de l'intéressé, ajoutant que « ce sont les entreprises performantes et les produits de qualité qui ouvrent les marchés. Regarder le Maroc, Attijariwafa Bank a réussi à supplanter les grandes banques françaises dans toute la zone franc et même au delà en se développant aujourd’hui en Afrique de l’Est ».
Bien avant ces déclarations, en 1998, alors toujours en exercice, Ahmed Attaf était revenu sur les relations entre Alger et Rabat, dans un entretien accordé à un quotidien algérien. Il avait pour cela invité les responsables marocains « s’asseoir autour d’une table et discuter » pour régler le « contentieux » entre les deux pays.
Il a estimé que « l’approche marocaine est parcellaire, à savoir ouvrir les frontières et supprimer les visas. Nous pensons du côté algérien à une approche globale pour prendre à bras le corps l’ensemble des dossiers qui composent la relation algéro-marocaine », soulignait-il.
Pour le diplomate, l’affaire du Sahara occidental « n’est pas un élément dans les relations algéro-marocaines. C’est un dossier séparé et distinct pour la simple raison d’ailleurs qu’il est pris en charge par d’autres cadres », notamment l’ONU, réfutant par ailleurs tout soutien algérien au Polisario.
« Dans cette affaire du Sahara occidental, c’est la communauté internationale qui est engagée. Les Nations Unies ont pris en charge le dossier. Dire que l’Algérie est derrière le dossier, c’est lui faire un faux procès », a-t-il déclaré, reprenant le discours officiel algérien, toujours en vigueur aujourd'hui.
©️ Copyright Pulse Media. Tous droits réservés.
Reproduction et diffusions interdites (photocopies, intranet, web, messageries, newsletters, outils de veille) sans autorisation écrite.