Attijariwafa bank dans les sales draps de l’affaire Casa Parc (1/2)

30.12.2024 à 18 H 37 • Mis à jour le 30.12.2024 à 18 H 37 • Temps de lecture : 13 minutes
Par Soufiane Sbiti

ENQUÊTE EXCLUSIVE.

Entamé il y a dix ans, le projet immobilier Casa Parc, situé aux abords du quartier Sidi Maârouf à Casablanca, piétine. Relancé en 2019 par la promesse d’un appui renouvelé d’Attijariwafa bank, celui-ci s’est enfoncé dans un bourbier financier et juridique dans lequel la banque royale a joué un rôle désastreux sur fond d’intérêts et de relations privées. Premier volet de notre enquête

23 décembre 2023. Un épais dossier trône sur la table du conseil d’Attijariwafa bank (AWB). Le président, Mohamed Kettani, entouré de son état-major, reçoit ce jour-là les demi-frères Sadreddine Benhima et Hassan Benabdelali, promoteurs de Casa Parc, un imposant projet immobilier de la banlieue sud de la capitale économique enlisé depuis une dizaine d’années.

C’est peu dire que le projet d’appartements moyen-standing lancé en 2014 a souffert de difficultés. En 2019, Le Desk en avait déjà révélé les retards et les vicissitudes vécues par les réservataires. AWB avait accompagné son lancement par l’octroi de crédits, puis avait consenti des rallonges pour le sortir de l’ornière. Mais ce sauvetage allait être synonyme de baiser empoisonné, tant il aura servi à le mettre à genoux plutôt qu’à lui fournir les moyens de son parachèvement.

Le projet immobilier de Casablanca Parc. Crédit : Mustapha Razi / Le Desk

Lors de cette réunion de la dernière chance, les mots du patron de la banque royale sont conciliants. Il parle d’un moment « charnière » pour la suite du projet. « Il faut comprendre ce qui s’est passé, nous allons vous aider », glisse-t-il. « La banque est à vos côtés pour redresser la situation ». Mais si Kettani a bien voulu converser avec les promoteurs de Casa Parc sur un ton optimiste, c’est surtout pour leur proposer une sorte de mission de due diligence, doublée d’un nouveau business plan mais qui ne sera pas menée par la banque, mais concocté par une tierce partie. « Que pensez-vous du fait qu’Atlas Capital vous aide à trouver une solution ? », lance-t-il. La réponse est immédiate de la part d’un des deux promoteurs qui entrevoient une solution à leur affaire : « Oui, aucun problème ». Dès lors, on fait entrer Hicham Chebihi, qui attendait dans l’antichambre de la salle de réunion, raconte un témoin de la scène.