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Grand angle

Affaire Barid Al-Maghrib : l’ex-DG de Chronopost témoigne de son calvaire

15.11.2024 à 17 H 39 • Mis à jour le 18.11.2024 à 18 H 25 • Temps de lecture : 26 minutes
Par
INTERVIEW EXCLUSIVE.
Depuis une semaine, Le Desk dévoile les dessous de l’affaire Barid Al-Maghrib dont la filiale Chronopost a subi un détournement estimé à plus de 55 millions de dirhams orchestré par un gang de fraudeurs en col blanc et de criminels. Victime expiatoire du scandale, l’ex-DG, Abderrahim El Idrissi, menacé de mort puis lâché par son groupe, a passé deux ans en prison. Désormais libre, le lanceur d’alerte témoigne aujourd’hui à visage découvert sur l’enchainement kafkaïen qui a détruit sa carrière et brisé sa vie, mais garde l’espoir d’une pleine réhabilitation en appel

Au-delà du caractère criminel et sordide de l’affaire Barid Al-Maghrib (lire nos révélations ici), de la passivité coupable des organes de contrôle, des errances de l’investigation policière et judiciaire, au fil de notre enquête, c’est aussi et surtout le vécu de ses victimes expiatoires qui choque le plus. Les cas de dilapidation et de détournement d’argent public, de grand banditisme, de racket et de trafics en tout genre sont monnaie assez courante devant les tribunaux, avec leur lot d’injustices, dont la presse se fait parfois écho.


Mais, la singularité de l’affaire Barid Al-Maghrib, du moins ces dernières années, tient davantage de faits pour le moins glaçants bien plus graves que le scandale financier en soi : la solitude de dirigeants d’entreprise publique pris dans une spirale infernale faite de harcèlements, de menaces, d’attentats sur la personne, de leur abandon par leur hiérarchie pour ensuite être la proie d’une justice d’abattage.


Dans les documents à notre disposition, les rapports, les procès-verbaux des services de police et les jugements, ce sont surtout des vies humaines brisées qu’on parcourt. Devant nous, au fil des procédures, ce sont des carrières qui sont malmenées.


Dans ce tumulte d’existences chamboulées par des criminels en recherche de butins faciles, c’est d’abord le drame vécu par le directeur administratif et financier (DAF) de Chronopost, Mohamed Kerdoudi, qui verra son intégrité physique menacée à plusieurs reprises. Autant de pression pour le forcer à quitter ses fonctions, et laisser place au DAF par intérim qui n’allait pas tarder à sévir.


Et puis il y a eu tous ces employés de Chronopost. Ceux des centres d’appel, qu’on inondera de coups de fil pour les insulter, les tourmenter. Dans certains cas, on cite les noms de leurs proches pour leur signifier qu’ils sont à leur portée. Et ce sera alors au tour du directeur général, Abderrahim El Idrissi, d’être ciblé par les malfrats. Des appels, des filatures ouvertes, et puis des tentatives d’assassinat, comme ce jour où son agresseur se mettra en travers de sa route pour le frapper d’une boule de pétanque à la tête alors qu’il était au volant de sa voiture. Par chance, il s’en sortira avec un bris de glace…


Puis viendra ce jugement pour le moins inique qui enverra El Idrissi en prison, pour « malversations ». En détention préventive pendant deux ans, il sera au final condamné à un an de prison ferme. Pas pour les chefs d’accusation initialement retenus, mais pour « négligence grave ».


Double peine, il se verra aussi poursuivi et condamné pour « blanchiment d’argent », avant même la condamnation pour « négligence grave ». Ses biens sont aujourd’hui saisis. Et il est aussi sans emploi, comme sans horizon de vie décente.


Un drame pour celui qui a dévolu 30 années de sa vie à Barid Al-Maghrib, comme à ses filiales. Derrière les barreaux, l’homme passera son doctorat. Il en est aujourd’hui particulièrement fier.


Durant son calvaire, l’homme aura le soutien inconditionnel de sa famille. Ce sont d’ailleurs parmi ses proches principalement des femmes dévouées qui aideront à l’enquête de police et plus tard abonderont d’informations capitales à nos propres investigations, croisant les informations, creusant des pistes, localisant même les suspects en fuite…


Et si Le Desk a pu publier sa série d’articles sur le sujet, c’est qu’El Idrissi, victime à moitié blanchie, décidera de franchir le pas pour devenir lanceur d’alerte d’une affaire trop longtemps étouffée.

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Par @soufianesbiti
Le Desk Grand angle